logo SOV

PJ Harvey

Paris, Bataclan - 17 mai 2009

Live-report par Emeline

Bookmark and Share
Quand deux prodiges de la musique collaborent ensemble, forcément, cela ne passe pas inaperçu. Pour défendre leur nouvel album, A Woman A Man Walked By, paru au début de l’année, PJ Harvey et John Parish investissaient la scène parisienne du Bataclan du 17 au 18 mai lors de deux concerts à guichets fermés. Récit de leur prestation du premier soir.

Dans la fosse de la salle, il ne reste pas un centimètre carré de libre, pas un siège disponible dans les gradins ; le bar aussi est pris d’assaut par un public qui s’est déplacé en masse ce soir. A 20h, alors que certains spectateurs du fond se racontent leurs derniers déboires du weekend, ceux des premiers rangs, immobiles, sans doute bercés par le charme vocal de Tom Brosseau, un jeune américain à la voix de femme, qui fait de sa musique folk une jolie (mais faible) mise en bouche. Car autant se le dire : tout le monde attend avec impatience la venue de l’Anglaise et de son fidèle acolyte.

En guise d’introduction, le public a droit au single Black Hearted Love sur les coups de 21h. Un démarrage un peu mou qui laisse perplexe. La guitare de John Parish est bien trop forte et la voix de l’Anglaise faiblarde, noyée sans doute par un surplus de reverbs. Mais après quelques minutes pour le coup un peu obscures, Sixteen Fifteen, Fourteen permet ensuite à John Parish de se distinguer sur sa rythmique au banjo et à Pj Harvey de se lâcher beaucoup plus. Entourés de trois musiciens (batteur, bassiste-clavier, guitariste) arborant chacun un chapeau de cow-boy, les deux artistes offriront pendant environ une heure et quart des morceaux majoritairement issus de leur dernier disque et quelques uns de leur précédent opus, Dance Hall At Louse Point, paru en 1996. Parmi eux, notons la belle musicalité bluesy de Robe Bridge Crossing, l’excellente interprétation de PJ Harvey sur Civil War Correspondant ou le jeu de guitare totalement barré de Parish sur Taut. Avec John Parish et Pj Harvey, en réalité, on ne sait pas trop sur quel pied danser. Car si certains titres relativement doux (le charmant titre The Soldier, exécuté par un John Parish tout sourire, ou Leaving California, transformé en sublime moment d’incandescence grâce à la voix aïgue de Pj Harvey), se révèlent totalement fascinants sur scène, d’autres n’arrivent pas toujours à accrocher complètement (PassionLess, Pointless).

Mais au final, il reste séduisant de découvrir sur scène une PJ Harvey affranchie et libérée de ses propres albums. Car c’est lorsqu’elle se présente en simple chanteuse de groupe, et pas forcément comme cheftaine d’orchestre, qu’elle demeure totalement détendue et la plus convaincante. En témoignera sa superbe énergie sur le titre A Woman A Man Walked By et son chant phrasé, cradingue et excité sur Pig Will Not, ou quelques moments de pure fantaisie qu’elle passe à courir autour de la scène. Si l’on regrette quelques longueurs et un certain manque de fluidité sur certains morceaux, PJ Harvey et John Parish nous ont fourni la preuve de leur singularité et de leur créativité, en se montrant aussi à l’aise dans la douceur que dans l’électricité d’un rock frontal à mille lieux d’être consensuel. Ce n’est déjà pas si mal.
setlist
    Black Hearted Love
    Sixteen Fifteen Fourteen
    Rope Bridge Crossing
    Urn with Dead Flowers in a Drained Pool
    Civil War Correspondent
    The Soldier
    Taut
    Un Cercle Autour du Soleil
    The Chair
    Leaving California
    A Woman a Man Walked By/The Crow Knows Where All the Little Children Go
    Passionless, Pointless
    Cracks In The Canvas
    Pig Will Not
    ------
    False Fire
    April
Du même artiste