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The Jim Jones Revue

Paris, La Machine du Moulin Rouge - 9 novembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Il fut un temps où le Moulin Rouge abritait dans son antre, et plus précisément dans sa chaufferie et machinerie, gigantesques, une des discothèques phares de la capitale, La Locomotive. Haut lieu de la nuit Parisienne dans les années 90s/2000s, cet énorme espace dédié à la musique et s’éparpillant sur plusieurs sous-sols, programmait certains bons DJ techno au rez-de-chaussée et une boîte plus rock en dessous. À l’époque, Pigalle était le repère de l’après nuit, le sommet des « After » de 7h à 12h et plus, pour tous les noctambules ayant démarré leur soirée au Rex, au Bains ou à la Ménagerie… Cela a bien changé.
Néanmoins, applaudissons à deux mains l’initiative qui a voulu la transformation de la Locomotive en salle de concert de qualité et dans un volume très original pour du live. L’espace fait toujours penser à une boîte de nuit mais sans nuire en rien à la qualité scénique des shows ou au son, bien meilleur qu’au Zénith, pour prendre un exemple absolument au hasard !

 

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En plein revival rockabilly, voici une programmation bien sentie : Parlor Snakes se présente comme le firent les groupes féminins de la scène alternative française à la fin des années quatre-vingt. Deux filles, la chanteuse et la bassiste, et deux garçons, guitare et batterie. Mini jupe et fourreau rouge vif s’arrêtant au-dessus d’une poitrine généreuse et talons aiguilles de plusieurs centimètres de haut, Eugenie Alquezar, la chanteuse, a plutôt bien révisé ses classiques et plus particulièrement l’attitude et les déhanchements provocateurs d’une Poison Ivy.
Élancée, blonde aux cheveux longs, Eugenie, du haut de ses un mètre soixante quinze, joue aussi bien de ses vocalises que de son charme, twistant et balançant corps et cheveux d’avant en arrière, de gauche à droite, au rythme soutenu de Sue Shea, la bassiste, décapant son instrument à coups d’ongles peints plus durs que le diamant… Dans ce quatuor Parisiano-Newyorkais, les garçons font leur job ; sans sourciller Peter K. fait pleurer les effets de sa Lespaul pendant qu’Alex Mazarguil use la peau de ses tambours sur des poum schack binaires mille fois entendus mais toujours si entraînants. D’ailleurs, ni le public masculin, ni le public féminin ne s’y trompent. Ce sont les filles qui mènent la barque et les débats, mixant avec brio tendance rockabilly psychotique et érotisme torride sous jacent.
En ces temps décidément très lourds, on apprécie la performance de ces quatre jeunes qui jouent à ressusciter l’insouciance des fifties !

 

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Attention, maintenant on ne joue plus ! Les Jim Jones Revue, après la première partie Parlor Snakes, aussi semblable que puissent paraître leurs influences Rockabilly, c’est comme manger un couscous chez Flunch avant de connaître celui d’Omar dans la rue de Bretagne ; c’est plus cher et il y a plus de monde dans la queue mais la semoule est tellement plus fine et leur harissa envoie du bois !
Jim Jones, de son vrai nom, arbore le costume trois pièces étriqué et la bolo tie à la mode texane. Le cheveux gominé, tout d’abord bien plaqué puis très vite en chahut, son cri de guerre, « SAY YEAH ! », entre chaque morceau, provoque l’ire et le ralliement de toute la population de quadras venus en masse à la Machine du Moulin Rouge esquisser quelques pas d’un twist démembré. Blues punk, rock garage, les adjectifs ne suffisent pas à imager l’énergie qui émane de Jim Jones, méritant d’être respectueusement rebaptisé pour un soir, Jim Jones Burdon et ses Animals !
Assurément, si l’on veut bien mettre de côté la période punk garage et des formations légendaires, mais légèrement plus dérangées comme les Cramps et les Metoeor's, pour ne citer qu’eux, Jim Jones et sa bande de graisseux semble avoir été nourris et élevés au son des Animals, des Them et surtout de Jerry Lee Lewis lui même, incontournable référence pour nos deux groupes de ce soir même si aucun de leurs membres n’avaient encore vu le jour quand celui-ci mettait le feu à son piano ! Il faut reconnaître de bon cœur qu’Eliot Mortimer, le clavier, s’en donne à cœur joie et de toutes ses forces pour enfoncer les touches de son piano électronique sonnant comme un bastringue de bordel et dont on se dit qu’il a forcément été renforcé au niveau de sa mécanique, sans quoi, il ne pourrait tenir plus de deux titres !
Si le piano est blindé, que dire de la voix de Jim Jones ! Elle est à l’évidence, cuirassée, endurcie, immunisée... À chaque titre et intertitre, il crie, hurle, aboie, braille, apostrophe, implore, interpelle, invective et enfin chante avec autant d’énergie que les MC5, dont ils se revendiquent, ou les Birthday Party, sans que l'on ne trouve cela inique, c’est dire !

Rock & Roll comme peu de leurs congénères, The Jim Jones Revue font un carton avec des titres comme Shoot First ou Burning Your House Down et, pour un soir, rallument l’ancienne et colossale chaufferie du Moulin Rouge, quitte à mettre le feu à quelques jupons de french cancan, distribuant quelques frénétiques grands écarts, un étage plus haut !