Décidément, The Jim Jones Revue semblent vouloir élire domicile dans notre capitale tant leurs concerts parisiens s’enchaînent ces dernières années. Après un passage dans les studios de Canal+ pour l'enregistrement du Grand Journal, c'était au tour de la Maroquinerie de recevoir les rois du blues enragé. Face au succès de l'annonce, une deuxième date fut rapidement ajoutée, mais à la première fournée que nous aurons la chance d'assister ce soir.

Après la sortie, il y a quelques semaines, de
The Savage Heart, on s'attend à un grand moment de rock'n'roll avec la fougue ravageuse qu'on connaît à Jim Jones. Tiré à quatre épingles dans un costume rétro en total anachronisme avec le reste du lieu, le chanteur est accompagné de ses musiciens, eux aussi sortis du rockabilly avec banane à la Fonzie et chaussures à bouts pointus fraîchement cirées. Si la Maroquinerie n'affiche pas complet pour cette date supplémentaire, le quota maximal ne semble pas très éloigné car tous se pressent pour être aux premières loges et peut-être avoir la chance de partager le microphone et pousser la chansonnette avec Jim Jones ou de recevoir une accolade amicale du charismatique frontman.
Avec une setlist homogène, faisant une place de choix au tout nouvel album sans pour autant oublier ses prédécesseurs, le groupe connaît parfaitement les rouages de la scène et sait faire monter l'ambiance au fil des minutes. La voix rocailleuse de Jim Jones résonne tandis que Henri Herbert maltraite son clavier pour notre plus grande joie. Peu de répit entre les titres, si ce n'est le désormais habituel « Say Yeah », leitmotiv de The Jim Jones Revue.
Puis vient
Chain Gang, ce chant traditionnel des ouvriers afro-américains ; là, les musiciens tombent leurs instruments et seul un doux rythme de batterie vient accompagner les lamentations des quatre Londoniens. Cet entracte est plutôt inhabituel dans le répertoire du groupe et prouve à quel point il n'entend pas se cantonner au blues rock qui avait pourtant faire sa notoriété.

Ne pensez cependant pas que la bande s'est assagie car tous repartent bien vite pied au plancher dans des complaintes tourmentées teintées de punk, de rockabilly et de blues. L'assemblée s'échauffe, les pogos fusent et les corps transpirent malgré une température extérieure pourtant bien fraîche. Jim Jones ne cesse de demander à ce que l'on augmente le son de son retour, même si, du côté du public, les bouchons d'oreille s'avèrent de plus en plus nécessaire. Les guitares se durcissent, le chant d'outre-tombe fait son petit effet et on sort du set lessivé et heureux.
On se demande encore comment The Jim Jones Revue réussissent à enthousiasmer un auditoire parfois blasé et passif. Leur recette est cependant imparable car, ce soir, tous se seront laissés prendre au jeu. Oh Yeah !