Après l'Olympia, la Machine du Moulin Rouge, le Bataclan et la Maroquinerie fin 2012 – à graver dans les annales et dans une galette d'acétate noire, de par sa puissance – à l'occasion de la sortie du dernier album en date,
The Savage Heart, The Jim Jones Revue investissent ce soir la Cigale du Boulevard Rochechouart.

Signés sur le légendaire et inévitable label Born Bad, les bordelais de
Magnetix relèvent le défi et ouvrent le concert du Jim Jones Revue. Franco-américains, les Parlor Snakes, avant eux à la Maroquinerie ou à la Machine du Moulin Rouge, savent le challenge que cela peut représenter. Quand un airbus se prépare au décollage, il est rare qu'on prête attention au Cessna en bout de piste. Pourtant, Looch Vibrato et Aggy Sonora, respectivement guitariste/chanteur et batteuse chanteuse de Magnetix font, avec leur moteur à deux temps ce que beaucoup d'autres n'arrivent pas à faire avec de plus gros engins : captiver l'audience à l'aide de déflagrations soniques et de titres aussi urgents qu'hypnotisant. Attitude de branleurs et instruments martyrisés en prime, le tarmac de la Cigale comme les conduits auditifs sont nettoyés.
The Jim Jones Revue peuvent entrer en scène. Comme un rituel lui permettant de jauger son audience, comme une alerte orageuse intimant l'ordre de boucler sa ceinture, Jim Jones lance son rocailleux « Say Yeah » comme une invitation faite à l'écho des montagnes. La réponse ne se fait pas attendre ; un autre « Say Yeah » remonte d'une salle mixée entre quinquas arborant chaussures creepers et bagues fifties et jeunes adultes éméchés venus s'encanailler auprès de leurs aînés et écouter autre chose que des accords synthétiques bilieux sous prozac.
Ici, le rock se danse et rythme les battements de cœur comme les battements de pieds. Faisant face avec aplomb à un défaut de réglages entre lui et ses musiciens dés le démarrage, Jim Jones, un peu en-dedans ce soir comparé à d'autres prestations de son groupe, lance le show sur un
Where Da Money Go? tiré de
The Savage Heart. Attendu par toutes et tous, le
Shoot First qui les a lancés prend la suite quasi immédiate et, déjà, les hanches s'animent à l'unisson du côté des premiers rangs.

Sans barrières pour les abriter des mouvements rockabilly qui opèrent derrière eux, les photographes peinent à faire le point sur une scène où le feu sacré sévit pendant le titre
Burning Down The House sous les appels d'air conséquents de cette salle immense. Si le premier étage de la Cigale est fermé, le par terre est au coude à coude et même le bar, isolé de la salle, ne désemplit pas. La chaleur provoquée par les instruments mis à mal par Henri au piano ou Rupert à la guitare s'estompe pour un moment sous le blues coulant mais torturé de
Chain Gang. L'apaisement est de courte durée et sous un haletant
Eagle Eye Ball, encore lent mais strident, suivi d'un
Rock'n'Roll Psychosis marquant la glorification du style punk blues de The Jim Jones Revue, ce sont plusieurs dizaines de spectateurs qui courent à la recherche de protection auditives dans toute la salle ! Généralement mesurés à plus de 110db, Jim Jones, Rupert Orton, Henri Herbert, Gavin Jay et Nick Jones ont vu leur exaltation bridée par un règlement de salle qui les a amenés à quitter les balances au bout d'un seul et très court petit soundcheck. Ceci expliquant sûrement les problèmes du début de set.
Comme l'annoncera avec sincérité Jim Jones au cours du concert, la France est la terre d'asile du groupe. Ce public à qui il faut rendre hommage pour son allégresse et son entrain devant ces loubards du rock à l'étiquette irréprochable est encore une fois le sixième membre du groupe ce soir. Et si nous avons déjà vu The Jim Jones Revue embarquer plus de fuel que cela et s'élever avec plus de fracas au décollage, le vol fut quand même turbulent, rustaud et ombrageux à souhait ! Un charter pittoresque en première classe, plein gaz vers la face sombre du rock.