Air Traffic

Tous les ans, inlassablement, apparaissent de nouvelles formations dites de « piano pop ». Si certains ont connu au fil des mois un succès fulgurant (Keane, Starsailor...), d'autres ont vite déchanté et disparu dans les abîmes de l'industrie musicale (Thirteen Senses, Morning Runner...). Alors, Air Traffic, révélation de l'année ou bide de l'été ?

Commercialement, le succès semble réel. Les singles Charlotte et Shooting Star ont su trouver leur public avec une facilité déconcertante, tous deux ayant un temps flirté avec le top 30 des charts outre-manche... mais musicalement, ces deux titres, à l'image de l'ensemble de ce premier opus d'Air Traffic, souffrent d'un manque d'originalité patent. Les rythmes sont tantôt légers tantôt plus poussés, mais toujours calibrés pour conquérir un large public. Les surprises se font rares, noyées dans une certaine banalité et marquées par une prise de risque proche du néant. A première vue donc, rien qui ne saurait justifier l'écoute intensive de Fractured Life.

Le groupe parvient toutefois à proposer des idées plus profondes dès lors qu'il s'accorde quelques libertés, électrise ses compositions et s'affranchit des clichés inhérents au genre. Le piano laissé de côté, le talent d'écriture de Chris Wall peut enfin s'exprimer à travers des titres plus nerveux et racés, bien que les expressions vocales du leader de la formation, certes puissantes, demeurent somme toute banales. Face aux irritants Shooting Star, Time Goes By et I Like That se dressent donc des titres comme Charlotte, le progressif No More Running Away et le power pop Get In Line que ne renieraient sans doute pas Weezer.

Si les puristes verront dans ce Fractured Life la représentation d'une pop sans âme et médiocrement recyclée, d'autres, moins exigeants, sauront à n'en pas douter extraire les motifs de satisfaction qu'un disque de ce type peut apporter.