Chronique Album
Date de sortie : 19.04.2004
Label : Deltasonic
Rédigé par
David, le 26 avril 2004
Découverts en ce début d’année avec leur entraînant et contagieux premier single Pressure Point, The Zutons confirment tout le bien qu’on espérait d’eux avec ce premier album assez enthousiasmant au titre énigmatique (Who Killed… The Zutons ?) qui finalement leur correspond bien!
Le premier morceau, Zuton Fever, pose les bases de leur style : petit gimmick de guitare entêtant en intro, voix très légèrement éraillée posée sur une rythmique basse-batterie simple, ajout de saxophone par petites touches discrètes et puis au bout de deux minutes la machine Zutons s’emballe : accélération du rythme et les deux guitares se répondent frénétiquement en créant un enchevêtrement tout particulier avec l’omniprésence du saxophone de la délicieuse Abi Harding.
Enchaînement immédiat avec ce single parfait donc qu’est Pressure Point et dont la structure ressemble en tout point au morceau précédent ; on comprend bien alors que The Zutons officient dans la pop anglaise mais avec une importance toute particulière attribuée à la mixité des styles et le mélange des influences diverses (soul-funk psychédélique et musique surf-rock exotique en tête).
Le très funky You Will, You Won’t (prochain single) prend la suite exactement dans la même lignée sans parvenir vraiment à tenir la comparaison avec les deux premiers brûlots de l’album.
Dès lors, alors qu’on commence déjà à craindre la répétition d’une formule certes plaisante mais légèrement prévisible, la magnifique ballade Confusion vient relancer notre intérêt par son ambiance calme et apaisée et la découverte de la très belle voix du leader-compositeur de The Zutons Dave Mc Cabe.
La parfaite Havana Gang Brawl prend le relais suivie de la paisible Railroad et il faut bien alors là reconnaître la ressemblance frappante avec leur collègues de label et amis de The Coral tant ces deux chansons auraient pu figurer respectivement sans aucun problème sur The Coral et Magic & Medicine! Pas étonnant quand même quand on sait que Dave était avec James Skelly au lycée et qu’ils ont finalement le même parcours musical (et quasiment la même voix !). De même, la production de l’album a tendance à trop vouloir affirmer et uniformiser ce nouveau son de Liverpool remis au goût du jour par The Coral.
Mais même si on peut affirmer sans prendre trop de risque que quelqu’un aimant The Coral aimera forcément ce premier album de The Zutons, il serait dommage de ne pas faire l’effort d’écouter attentivement les multiples détails annonçant leur futur comme un groupe à part entière.
D’un coté, nombreuses chansons (Remember Me ou Moons And Horror Shows) lorgnent plutôt vers le coté surf-pop acoustique de The Thrills avec toute la simplicité communicative les caractérisant.
D’un autre coté, les mélodies précises de Dave Mc Cabe sont souvent parsemées d’ajouts de détails sonores surprenants et intéressants : les percussions vaudous de Nightmare Part II ou les violons réveurs de Not A Lot To Do par exemple. La palme étant attribuée sans aucun problème au fascinant Dirty Dancehall qui surprend en B.O décalée d’une série B horrifique à petit budget convenant parfaitement aux accoutrements excentriques affichées par The Zutons sur scène.
Le principal reproche que l’on peut faire aux Zutons est finalement le coté trop prévisible de leurs chansons qui sont immédiatement classables, en quelques secondes, dans la catégorie « ballade folk-pop calme et désuète » ou « brûlot funk-pop entraînant et euphorisant » ce qui rend la découverte de cet album un peu moins excitante au bout de quelques écoutes.
Mais ne boudons pas notre plaisir, ce réjouissant Who Killed… The Zutons? est quand même une parfaite entrée en matière pour découvrir ces nouveaux venus de Liverpool qui, au vue des premières prestations françaises, semblent confirmer tout le bien qu’on pense d’eux sur scène.