Absentee

On peut trouver que parfois, quand même, il surjoue le Dan Michaelson. Cette voix grave et caverneuse, qui fait la grande majorité de la musique d’Absentee, l’on se dit que tant bien même, c’est fort bien fait. Bien sûr, cette force est également le point paradoxal de l’essence si particulière du groupe. Remarquable, mais non unique, on se permet ainsi aisément de faire le lien avec les autres voix graves de la musique contemporaine, que ce soit Mark Lanegan, Matt Berninger, ou encore le vétéran Nick Cave. Et ceux-ci parmi un nombre limité, mais pourtant bien existant, rendent ainsi les comparaisons bien notifiables.

Mais la grande qualité d’Absentee est que leur musique ne tourne en aucun cas autour de cette voix atypique. Elle est absorbée dans un tout. Vulgarisée. Popularisée. En la diluant, elle ne ressort plus, mais fait corps, devient élément même d’une pop-rock qui se renforce de cet ingrédient des plus dénotants. Déjà bien prononcée sur leur premier album Schmotime, cette intelligente formule entre immédiateté et singularité prend à nouveau tout son sens sur ce Victory Shorts aux contours très purs, parfois stricts, mais toujours rafraîchissants.

Absentee sait parfaitement jouer de ces rythmes alternant nonchalance et déboulement, n’évitant cependant pas certaines convenances. Si l’on tend souvent vers de l’indie américain languissant typique, le groupe retombe toujours brillamment sur ses pattes en caracolant sur des titres aussi vifs que parfaitement maîtrisés comme Boy, Did She Teach You Nothing ou Bitchstealer, aux réminiscences folk et bluesy. Malgré certaines lenteurs, Victory Shorts est tout de même un album où l’on s’ennuie finalement assez peu. Peut-être parce que Victory Shorts s’assume totalement. Simple. Intègre. Sans superflu.