KingBathmat

Sous cet étrange patronyme de KingBathmat se cache en fait un seul homme, le londonien John Bassett, à qui l’on doit donc les dix titres de ce Crowning Glory (faisant suite à Son Of A Nun, son premier album sorti en 2003). Très prolixe au niveau du songwriting (plus d’une centaine de chansons déjà écrites !), KingBathmat auto-produit lui-même ses albums et à l’écoute de ce deuxième effort, on est pas forcément persuadé que ce soit une bonne chose…

Alors qu’en général, l’atout principal d’une « production maison » réside plutôt dans la liberté totale que possède l’artiste, alliée le plus souvent à un son et des arrangements plutôt minimalistes (comme savent si bien le faire Mull Historical Society ou Badly Drawn Boy par exemple), ce Crowning Glory nous donne justement la sensation inverse…
Dès le premier morceau, As Ever, une chanson dans la plus pure tradition pop anglaise (notamment par ses cœurs et ses « Please, Don’t Go » plaintifs !), on est surpris par la qualité de la production sonore qui est propre et léchée là où on s’attendait à quelque chose de plus brut ; ce n’est pas forcément un défaut (comme en témoignent par exemple le génial Dear Catastrophe Waitress de Belle And Sebastian ou le récent Faded Seaside Glamour des Delays), mais dans le cas de KingBathmat, ce son parfait mais froid a tendance à uniformiser toutes ses chansons ce qui rend l’écoute de cet album plutôt fade et ennuyeuse.
De plus, certaines parties instrumentales comme la rythmique batterie du single The Final Star, semblent vraiment peu inspirées et jouées en roue libre. Pire encore, certains solos et sons de guitare d’un autre temps sont malheureusement plus proches de Dire Straits que de Syd Barrett (dont il semble pourtant vouloir s’influencer) et apparaissent aussi bavards qu’inutiles (la fin d’Alcohol Sea ou de A Million Dream d’autant plus regrettable que ces deux morceaux démarraient plutôt bien).
Les meilleurs passages de ce Crowning Glory restent finalement ceux sur lesquels le nombre réduit d’instruments permet enfin d’entendre de belle mélodie (les mignonnes Fair Weather Friend et Sunflower Eyes) ou les rares cas où les effets extérieurs amènent une réelle dimension à la chanson (On Top Of The World qui rappelle les meilleurs moments du magnifique Diorama des australiens de Silverchair). Mais l’amateur de pop bien produite pourra peut-être également se laisser envoûter par l’ambiance d’Almost There ou apprécier le coté plus rugueux de la sympathique Rain On

Sentiment allant de la légère déception à l’indifférence prononcée donc à l’écoute de ce deuxième album de KingBathmat qui a pourtant une très belle voix et possède quelques chansons qui ont un réel potentiel ; mais le plus gros problème de cet album reste bel et bien de se frayer une petite place parmi les très bons albums pop qui sont sortis cette année en Angleterre car, soyons honnête, à aucun moment ce Crowning Glory ne parvient à faire oublier une seule seconde les derniers efforts des Bees, Coral, Zutons, Veils ou autres Delays.