Panic Shack

Après deux EPs sortis en 2022, dont Baby Shack qui avait piqué notre intérêt, les cinq musiciennes de Panic Shack ont tourné, notamment avec Bob Vylan et Soft Play, et fait une apparition au Glastonbury Festival... le bouche-à-oreille a fait le reste.

Ce 18 juillet, elles sortent donc leur premier album, un album racontant ce groupe d'amies : ce qu'elles sont, ce qu'elles aiment, ce qui les agace (cela a souvent un rapport avec des mecs, mais aussi avec les fringues qui n'ont pas de poches), et l'amitié. C'est un disque festif, joyeux, idéal pour les longs apéros d'été en bord de mer ou de piscine. Il est décrit par la bande elle-même comme débutant dans un bar le soir où on retrouve sa bande de potes, et s'achevant devant un levé de soleil émouvant, avec la gratitude d'être entouré de ses meufs (ou ses gars) sûres.

Girl Band Starter Pack ouvre donc le bal et sonne exactement comme le titre : on rigole bien entre copines, on danse au gré du tempo rapide du morceau, explosion jouissive de riffs estivaux, une pinte à la main dans le beer garden d'un concert d'Amyl & The Sniffers, où le début du titre a d'ailleurs été enregistré. Est-ce donc un hasard si Gok Wan ressemble à s'y méprendre à un titre des australiens ? Les riffs énervés et le refrain punk à souhait, hurlant contre les injonctions au corps parfait plutôt qu'à nos actions... Gok Wan, c'est ce présentateur télé britannique qui était dans des programmes s'appelant, par exemple, « Comment être belle nue » ou « Trop gros(se) trop jeune »... La belle époque.


Il y a donc dans ce disque des passages où ça balance sérieusement contre le patriarcat (Gok Wan, SMELLARAT), et d'autres où le sarcasme prend le dessus sur toute dénonciation vraiment consciente. C'est le cas de Pockets et son synthétiseur bienvenu. La voix et l'accent gallois de la chanteuse Sarah Harvey appuient chaque mot et une opinion que nous partageons toutes : où est-ce qu'on met nos clés, notre téléphone et notre fric si notre jean préféré n'a pas de poche ? Surtout pour aller à Tit School... Panick Shack se fichent que vous pensiez qu'elles ne sont pas vraiment de la working class, elles n'ont rien à prouver, elles ont fait l'école de la vie des conneries. Dans la catégorie connerie, il y a aussi : la chanteuse qui décide sur un coup de tête d'aller courir l'équivalent d'un marathon en plein confinement, en New Balance (pas vraiment idéal). Juste pour se marrer (et se faire des ampoules puis regretter) : c'est l'histoire de Personal Best. L'instrumentation ? Aussi subtile que ce que la chanson raconte. Mais efficace, toujours efficace.

On notera aussi la basse irrésistible 70s de We Need To Talk About Denis et les aboiements à la fin du morceau... Avec tout cela en tête, il est facile de se figurer les conditions d'écriture de cet album : dans le airbnb d'un village gallois en bord de mer, à côté de tapis de yoga jamais utilisés, mais des bouteilles de vin largement consommées sur un immense papier kraft griffonné de phrases, d'idées et de morceaux de paroles.
L'album se termine sur une déclaration d'amour amicale entre les membres de Panick Shack, avec Thelma & Louise. Mais ça, c'est après un dernier coup de gueule sur SMELLARAT (parce que c'est quand-même fou, en 2025, de devoir appeler un Uber pour faire partir un homme qui cherche à s'inviter chez vous alors que vous chillez avec vos potes), et d'ironie avec Unhinged (il faut bien prêter attention aux paroles : elles viennent exclusivement de profils Hinge (ndlr : une application de rencontres, au cas où vous ne seriez pas « in ») : c'est drôle et aussi un peu gênant.

Et si vous n'avez pas tout compris à cette chronique un tantinet chaotique, je vous dirai qu'elle est à l'image de l'album : c'est un joyeux bordel. Un disque pop-punk frais et sucré, avec une bonne dose de sarcasme, très plaisant, à écouter si vous voulez passer un bon moment.