Craig Walker

Difficile d'aborder ce premier disque de Craig Walker sans avoir une petite idée de ce qui pourrait se dessiner en toile de fond de son contenu, tant l'on sait que l'artiste n'en est pas à sa première expérience studio. Certains ont pu le découvrir au sein des formations Power of Dream ou Pharmacy, mais c'est surtout lorsqu'il sublimait de sa voix profonde et un tantinet éraillée le non moins sublime album You All Look the Same to Me d' Archive, sorti en 2002, ainsi que son successeur, Noise, que le musicien s'est davantage imposé comme véritable chanteur.

Quoi de neuf en 2009 ? Pour l'irlandais, il est apparemment venu le temps de faire table rase des mauvaises ondes du passé. Sur Siamese, Craig Walker a décidé de voler de ses propres ailes, de s'affranchir au mieux de son expérience de groupe sans doute frustrante et de sa traversée dans la drogue et l'alcool, pour y retrouver une sérénité bienvenue et salvatrice. Et, plutôt que de foncer seul et tête baissée sur un premier album à la considération naturellement importante, le chanteur a préféré s'offrir s'est offert les précieux services de l'Islandais Bardi Johansson, connu sous son nom de scène Bang Gang, pour l'aider a confectionner onze titres pop.
Des morceaux ornés ça et là de discrètes touches électroniques, de folk ou de soubresaults rock qui tentent avec plus ou moins de succès de réveiller l'auditeur quand la courbe sonore tend parfois à stagner. Car si ce Siamese a le mérite de fournir son lot de mélodies finement arrangées, certaines autres font du sur-place. Les chœurs enivrants du sieur Bardi se révèlent plutôt agréables sur Summertime et l'entrelacement des guitares sur l'instrumental The Island nous bercent totalement, tout comme le refrain modeste de Strange Girl. Via ces chansons, on décèle chez le chanteur une sensibilité à fleur de peau, une fragilité flirtant avec la mélancolie et l'amertume, une tension contenue qui ne demande qu'à sortir sur l'outro de Greedy Pig ou sur la montée électrique du magique Siamese, qui ferait presque penser aux constructions progressives d'Archive. Mais quand il s'agit de faire dans la facilité, Craig Walker n'hésite pas non plus à en faire le moins possible, comme en témoignent le fadasse You & Me et les solos de guitare pas folichons du pourtant entraînant Photograph.

Il nous reste juste le temps d'apprécier sa reprise satisfaisante de Perfect Day de Lou Reed, entamée au piano en dernière piste du disque, avant que la musique ne s'arrête. Une musique séduisante qu'on attend d'être encore plus attirante sur le prochain album.