I Concur

Pour être honnête, ce n’est jamais bon signe lorsqu’après plusieurs semaines d’écoute, au moment de poser ses impressions sur papier, le chroniqueur a du mal à exprimer son avis sur un album en particulier.< En effet, quand les mots ne veulent pas venir, que les phrases ne coulent pas de source et que le syndrome de la page blanche le guette, il est de bon ton pour lui d’entreprendre une introspection éclairée afin de démêler les causes probables de ses difficultés à exprimer ses sentiments musicaux. Voici, en guise d’introduction, la problématique rencontrée par l’auteur de ces lignes face à l’inqualifiable Able Archer, premier effort studio du groupe I Concur.

Bien qu’ayant à faire à un groupe plaisant de prime abord, attirant le chaland à la première écoute et assumant avec pertinence des influences musicales intéressantes auprès de formations telles que The National ou encore Mogwai, on ne peut que déplorer un manque flagrant de charisme sonore pour ce groupe aux sonorités post-rock assumées. Dès lors, une fois identifié, ce point précis semble bien être la cause de tous les maux littéraires croisés en chemin de cette rédaction. Ainsi, le manque d’inspiration initial ne s’avère être que le reflet d’une carence artistique éclatante : l’originalité.

En effet, les dix titres gravés sur cette galette sont incontestablement de bonne facture, à l’instar du reconnu Sobotka, du bon morceau homonyme Able Archer ou encore du convenable Decimal Places et de son refrain entêtant, entre de pesantes guitares distortionnées et la sombre voix monocorde du chanteur Tim Hann, l’atmosphère musicale se veut inquiétante dans son ensemble. Toutefois, à défaut de jouer sur ce côté sombre en exploitant d’éventuelles nuances sonores bienvenues, les morceaux ont tendance à se suivre et à se ressembler, finissant même par se perdre dans la masse homogène des groupes du genre, sans malheureusement réussir à se démarquer du lot.

En fin de compte, c’est donc un bilan en demi-teinte pour les quatre anglais de I Concur qui, en nous délivrant un premier effort studio plat et insatisfaisant, n’atteignent pas les attentes portées en eux. De ce fait, ne parvenant pas à marquer les esprits, Able Archer semble donc voué au rangement et risque bien de prendre la poussière sur l’étagère à son emplacement, classé par nom d’album à la section « A » d’une longue discographie vite oubliée.