Comme
observé sur son EP éponyme paru cet été, A Grave With No Name, AKA Alex Shields, ne crée que des bouts de chansons : certains ont peu d'intérêt, les autres mériteraient d'être prolongés, de devenir de vraies compositions. Voici donc la chronique du
Mountain Debris idéal.
L'album nous plonge immédiatement dans l'univers lo-fi et fouillé de son créateur, débutant sur
The Sun Rises, un long crescendo de deux minutes marié à l'interlude du quotidien
The Passing Of A Day, qui nous emmène sur des terres acoustiques où le ukulélé triste du
Pacific glisse sur la folk morose de
Lavender, avant de dévoiler dans un final dantesque et un capharnaüm improbable les sons industriels et malins de
Horses. Premier titre et déjà premier coup de coeur de ce
Mountain Debris !
Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car nous attendent au tournant deux autres grandes chansons sur les six que nous propose A Grave With No Name : tout d’abord, les vocalises freak à la
Animal Collective de
Ghosts & Stones, en osmose parfaite avec le rythme tribal et les choeurs évasifs de
Open Water ; puis
Silver qui, sans plus attendre, amène beats lourds et saturation sur un
We Parted Ways at Mount Jade où la voix cristalline de Alex Shields fait encore des siennes.
Alors qu’on ne s’est pas encore remis de nos émotions, voilà qu’apparaît la pièce maîtresse de ce
debut album :
Sofiare ZacharIsland. Les vocalises de
Zachary, a cappella durant plus d'une minute, servent d'introduction au titre le plus réussi de
Mountain Debris. La folie contenue de
Sofia et ses guitares primaires poursuivent, nous offrant une espèce d'inspiration brouillonne mais imparable de
MGMT, avant que ne déboule brutalement, presque miraculeusement, le break
Fire Island. S'ensuivent trente secondes de
Zachary, la composition se terminant comme elle a commencé, le chant de Alex Shields alors encore plus intense et accrocheur.
Plus loin c'est
Stone Setting et ses voix lointaines, presque inaudibles, qui nous ravissent les tympans. Mais le titre ne serait qu'une chanson parmi tant d'autres si n'intervenaient pas le piano de
Underpass et le chant de
Horses, barbare et terriblement imposant.
Mountain Debris se clôt enfin sur l'atmosphérique
Chimes qui, progressivement, annonce la basse de
The River Path, rejointe à 2'18 par le refrain mémorable de
Silver.
(Fin du Chroniqueur's Cut.)
Bon, que dire de
Mountain Debris si ce n'est qu'il perpétue le style sans intérêt mis en place par A Grave With No Name sur son précédent EP : une succession de compositions bien trop courtes et nombreuses (seize tout de même, dont pas une ne dépasse les 3 minutes...) dans lesquelles il faut piocher pour trouver son bonheur.
Bref, Alex Shields possède un talent indéniable hélas gâché par ce qui semble être une volonté de trop en faire – pour preuve la récente réalisation de la Dummy mixtape et les quelques mp3 postés sur le blog de Meal Deal Records avant même que l’album ne soit sorti –, négligeant ainsi la qualité au profit de la quantité.
Sorte de
Deerhunter pas encore au point, A Grave With No Name n'a au final de long et fascinant que son nom...