Groupe adoré de Frank Turner, The Dawn Chorus dépoussière depuis 2008 la pop song. Mais plutôt que de faire consciencieusement le ménage, les sept acolytes en font des tonnes, ajoutant banjo, glockenspiel, trompette et solo de mandoline pour un résultat sans conteste mémorable.
Alors que Ralfe Band ont choisi cette année de schématiser leur son (dans le cadre de la Bande Originale du film
Bunny And The Bull), The Dawn Chorus prennent la relève avec ce second opus, dans la lignée du précédent, mais amélioré sur bien des points. Le groupe joue une pop merveilleusement déglinguée, dont on ne peut que féliciter l’hésitation à choisir une émotion et s’y tenir comme bon nombre de formations : elle peut ainsi s’apaiser sans prévenir, comme elle peut devenir folle à tout moment – et ce jusqu’à la fin, nous prouvera la chanson-titre.
Mariage intelligent – légalisé et réalisé de plus en plus depuis quelques années Outre-Manche – de gypsy-country-rock-ska-folk-punk dont on ne peut sortir indemne, s’inspirant de tellement de groupes et finalement de si peu,
The Carnival «
Leaves Town » pour rentrer directement dans nos cœurs. Les chœurs, efficaces, se font tantôt sereins tantôt criards comme sur le final débraillé et génial de
The Happiest Home In These Hills). Le chant caméléon emprunte aussi bien à Conor Oberst que Robert Smith. Et les instruments viennent et repartent aussi vite, donnant une impression de constante évolution.
L’album se permet par ailleurs de proposer la meilleure introduction instrumentale depuis celle de l’album éponyme de
The XX. Débutant par un faible accordéon familier,
Enter : The Carnival nous embarque progressivement sur des notes de guitare endiablées, distordues, saturées, avant que n’arrivent de nulle part des chœurs probablement interprétés par des anges.
The Dawn Chorus nous font donc comprendre qu’ils ne délaissent pas l’électricité et les coups de batterie entraînants au profit des autres instruments : le punk gentillet parsème
The Carnival Leaves Town, de la complète et impétueuse
The Guilt à la mouvante
Raised On High Wires. Invitant d’ailleurs sur quelques titres le punk-folkeux Frank Turner, dont les grandes
Carnivalesque et
Heartbeat In 5/4, la formation de Fareham (Hampshire) ne fait ici aucune fausse note et nous offre l’un des meilleurs albums britanniques de ce début 2010.
Une seule écoute de
The Carnival Leaves Town suffit pour nous emmener dans l’univers encombré de The Dawn Chorus, entre airs de fête hallucinés et songwriting folk indécent pour un groupe qui n’en est qu’à ses débuts. Dans un monde parfait, The Dawn Chorus auraient à leurs pieds des millions de fidèles et dans leurs poches tout autant de Livres Sterling qui leur permettraient de perfectionner le clonage et conquérir la musique éternellement.