logo SOV
Sydney Minsky Sargeant - Lunga
Chronique Album
Date de sortie : 12.09.2025
Label : Domino Records
45
Rédigé par Jean-Christophe Gé, le 12 septembre 2025
Déjà échappé de Working Men's Club pour des collaborations avec The Moonlandingz et Demise Of Love, Sydney Minski Sargeant est dans une quette d'introspection, un voyage dans ses états d'âmes passés, à travers des chansons écrites pour certaines alors qu'il était encore adolescent. Mais aujourd'hui, après deux albums, et bientôt un troisième, avec son groupe, des concerts des deux côtés de l'Atlantique, il sait que certains rêves peuvent se réaliser et que les pires journées se finissent.

On entend un piano désaccordé résonner comme dans une villa abandonnée (Lisboa), une guitare acoustique qui gratte dans l'écho d'une pièce vide (A Million Flowers), et toujours sa voix chaude et assurée. L'organique et l'électronique s'entrelacent sans jamais s'annuler. Long Roads commence sobrement avec une voix et une guitare acoustique, puis la batterie et l'électricité s'invitent, accompagnées de nappes de synthés bricolées en arrière-plan. Ce sont ces bidouillages discrets, hérités de son expérience électronique avec Working Men's Club, qui donnent paradoxalement au morceau un côté plus naturel.


Musicalement, ces ballades aux douces mélodies électro acoustiques rappellent The Beta Band, leur pouvoir évocateur renvoie dans les étendues humides et froides, des Dartmoor du sud de l'Angleterre ou les Highlands d'Écosse. Le paysage sonore est rugueux, mais traversé d'une magie subtile.

Il y a aussi des plongées sombres, comme Chicken Wire, morceau sadique et détraqué qui part d'une guitare country avant de tourner en vrille. Sydney y évoque les pensées qui tournent en boucle, jusqu'à suffocation, avec des images presque violentes. Pourtant, même dans ce chaos, il garde une énergie positive, comme si l'ombre et la lumière ne pouvaient exister l'une sans l'autre. Quant au morceau titre Lunga il pose un décor sur sept minutes : un souffle métallique, des cordes qui grincent, un moteur qui ronronne au loin, peut-être quelqu'un qui tousse. On n'est pas dans le confort d'un studio feutré, mais dans une sorte de balade solitaire à travers un paysage post-apocalyptique.

Et puis, il y a la respiration finale : New Day. Une chanson à la fois sombre et optimiste, portée par l'espoir qui malgré tout permet d'avancer. C'est le morceau qui résume peut-être le mieux l'album : accepter les ténèbres, tout en cherchant cette petite lueur, ce coin de ciel bleu.

Lunga n'est pas un disque facile. Il préfère l'étrangeté à l'évidence, la sincérité à la séduction immédiate. Mais il a cette force rare : celle de créer un monde dans lequel on entre à pas feutrés, et dont on ressort changé, comme après une longue marche solitaire sous la pluie.
tracklisting
    01. Intro
  • 02. For Your Hand
  • 03. I Don't Wanna
  • 04. Lisboa
  • 05. Long Roads
  • 06. Summer Song
  • 07. Chicken Wire
  • 08. Hazel Eyes
  • 09. Lunga (Interlude)
  • 10. A Million Flowers
  • 11. How It Once Was
  • 12. New Day
titres conseillés
    Long Roads - Chicken Wire - New Day
notes des lecteurs