Chronique Album
Date de sortie : 19.09.2025
Label : Divine Comedy Records
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 16 septembre 2025
Les années filent à une vitesse folle. En septembre 2022, Neil Hannon et sa troupe investissaient la Cité de la Musique à Paris pour une rétrospective d'anthologie de la discographie de The Divine Comedy, un événement qui faisait suite à la sortie d'un coffret (quasi) intégral (Venus, Cupid, Folly And Time) et d'un Best Of (Charmed Life). Trois ans plus tard, après la bande originale de Wonka, l'Irlandais revient avec son douzième album, Rainy Sunday Afternoon, véritable suite donnée à Office Politics.
Ce précédent disque, datant de 2019, n'avait pas été aussi bien accueilli par le public que ses prédécesseurs. L'album était trop long, trop synthétique et sans doute trop diversifié musicalement pour enchanter les fans du groupe (notons tout de même, la présence dans celui-ci de quelques pépites telles que You'll Never Work in This Town Again et Norman And Norma). Avec Rainy Sunday Afternon, Neil Hannon replonge dans l'essence musicale de The Divine Comedy. A commencer par Achilles, premier simple dévoilé en avril, et sa superbe orchestration nous ayant instantanément donné envie de découvrir les dix autres compositions qui furent enregistrées au mythique Studio 3 d'Abbey Road de Londres.
The Last Time I Saw The Old Man, le second single, est une merveille musicale absolue. Au-delà de la thématique très émouvante abordée sur la maladie d'Alzheimer dont était atteint le père de Neil Hannon, l'instrumentation quasi Gainsbourg-ienne absolument sublime qui l'accompagne est une parfaite réussite. Avec deux tels morceaux, on a déjà l'assurance d'un album véritablement réussi. D'autant plus fidèle à lui-même, le petit dandy dublinois nous réserve plusieurs autres perles dont il a le secret tout au long des quarante-trois minutes du disque.
Si la fable The Man Who Turned Into A Chair peut nous fait sourire avec cette sorte de légende féérique, on trouve également, en plus du second simple mentionné précédemment, deux autres moments d'anthologie sur cet album : I Want You et The Heart Is A Lonely Hunter. Dans la première, le piano et les chordes viennent épouser la voix remplie de désespoir de Neil Hannon traduisant le besoin viscéral de pouvoir aimer. On pourrait presque y entendre le fantôme de Scott Walker. Quant à The Heart Is A Lonely Hunter, il y réendosse ce côté solitaire qu'il porte en lui depuis toujours. Magnifiée par une instrumentation classieuse, la voix de crooner de l'Irlandais nous touche au plus profond de nous-même surtout lors du refrain : "The heart is a lonely hunter and life is just a shadowplay".
Mais cet album ne va uniquement se limiter à des mélodies sombres. Rainy Sunday Afternoon ou All The Pretty Lights nous ramènent, par exemple, vers les nombreuses chansons élégantes composées par Neil Hannon tout au long de sa carrière. Mention spéciale à la petite curiosité : Mar-A-Lago By The Sea, véritable pépite digne d'un thème musical joué dans le bar d'un hôtel 5 étoiles.
Rainy Sunday Afternoon marque un retour brillant pour The Divine Comedy, avec un album de grande qualité qui trouvera assurément une place de choix dans les playlists de ses fans jusqu'à la tournée française qui se tiendra en mars 2026. Mélancolique, certes, mais souvent saupoudré d'ironie, ce disque majeur dans la discographie du groupe contient onze compositions très raffinées et constitue un véritable bijou à découvrir absolument.