Thirteen Senses

Découverts en tout début d’année 2004 grâce à la sortie de leur entraînant single Thru The Glass, les quatre jeunes anglais de Thirteen Senses persistent et signent avec l’arrivée dans les bacs de ce premier album, le bien nommé The Invitation.
Œuvrant dans un style pop-rock doux et mélodique très classique, leur coté « facile d’accès » n’est finalement pas vraiment un avantage pour eux tant ce domaine apparaît sans surprise depuis la sortie du quasi-définitif A Rush Of Blood To The Head qui avait mis tout le monde d’accord en 2002. Néanmoins, même si aucune révolution n’est à signaler, ce disque contient suffisamment de bon moments pour arriver à trouver son public, surtout en ces temps de succès fulgurants outre-Atlantique pour des Keane ou autres Snow Patrol.

D’entrée, Into The Fire (dernier single en date) en est le premier exemple flagrant : quelques accords mélancoliques au piano supportés par une voix planante et une ligne de guitare aérienne et le tour est joué. C’est simple (voire simpliste) mais ça fonctionne parfaitement.
Thru The Glass, le single pop-rock assez énergique qui les a fait connaître, apparaît en fait comme un inédit réjouissant tellement il s'avère peu représentatif du style de Thirteen Senses sur le reste de leur album; car pour la suite, les morceaux s’enchaînent ensuite sans vraiment passionner : Gone, Do No Wrong (deuxième single choisi), Saving, Last Forever ou Angel & Spies sont pourtant toutes des ballades (très influencées par Travis quand même) sympathiques mais au final, malgré de bonnes intros, on les oublie assez vite tant l’ensemble apparaît légèrement formaté et sans âme ni originalité à partir du moment où l’on a découvert le très beau Into The Fire en ouverture.

Pourtant, alors que la lassitude semble prédominer, quelques morceaux viennent heureusement briser la glace pour laisser transparaître le talent mélodique de Thirteen Senses : les mélancoliques Automatic et Lead Us, la petite piste cachée à la fin de Saving et surtout la très mignonne The Salt Wound Routine apportent vraiment la preuve que ce groupe a du potentiel, surtout quand ils exploitent au mieux les parties aérées de piano de Will South (le chanteur) en mettant en veilleuse les lignes de guitares un peu trop répétitives.
Et puis, il y a les deux magnifiques premières minutes d’History qui, tout en renforçant encore l’impression précédente (l’intro voix-clavier gagne l’affaire à elle seule en quelques secondes !), permettent enfin à l’ensemble de décoller en donnant à cette chanson des allures de voyage aérien digne des plus belles réussites de Coldplay (Clocks n’étant en effet pas très loin).

Cette Invitation envoyée par Thirteen Senses s’avère donc seulement partiellement réussie tant une bonne moitié de ce disque apparaît un peu trop banale pour séduire; pourtant, grâce à la simplicité mélodique de quelques morceaux phares, ces quatre anglais pourraient bien surfer sur l’énorme succès actuel de Keane (même s’ils apparaissent beaucoup moins prometteurs que ces derniers) pour séduire de nombreux fans en cette fin d’année 2004.