Chronique Album
Date de sortie : 26.04.2010
Label : Greco-Roman/La Baleine
Rédigé par
Thibaud, le 25 avril 2010
Je pense qu’il est important de prévenir les personnes qui vont lire cette chronique : si vous êtes réfractaire aux sons de synthés et de sonorités très « eighties », ce disque n’est absolument pas fait pour vous. Depuis quelques temps, de nombreux groupes et artistes ont voulu nous faire revivre le son de la pop des années 80, que l’on soit du côté de New Order, Duran Duran, Genesis ou Cyndi Lauper. Pourtant, en grand amateur de synthés de cette époque, et de tout ce son si particulier, entre kitsch et splendeur futuriste, je n’ai su retrouver sur un disque quelque chose qui pourrait s’en approcher. Jusqu’à cet album de Grovesnor.
Tout d’abord, les présentations : Grovesnor, c’est un anti-héros (au nom vraiment moche) dont l’album suit le parcours drôle et à la fois sensible. Mais dans la vraie vie se cache derrière celui-ci Rob Smoughton. Si ça ne vous dit toujours rien, ce cher Rob n’est rien d’autre que le batteur live de Hot Chip, groupe talentueux et jouissant d’une popularité qui ne cesse d’augmenter. Un personnage intéressant donc, car sous cette carrure de geek se cache tout simplement mon dernier coup de cœur musical du moment.
Vous l’avez compris, Soft Return m’a plu. Il m’a même retourné. Pourtant, ce n’était pas gagné dès le départ : lors des premières écoutes, si j’étais plus qu’admiratif de l’ambiance générale se dégageant du disque, j’étais beaucoup plus modéré sur la voix même de Smoughton. Une voix que j’avais l’impression d’avoir déjà entendu partout, et qui ne semblait pas toujours très juste. Mais, à la manière d’un « grower », ce Soft Return dévoile toute sa saveur, sa chaleur, à travers plusieurs écoutes attentives, au bout desquelles on pourra constater la brillance et la perfection de ce petit bijou de pop eighties mâtiné d’électro et de soul. Et ce ne sont que quelques genres présents sur ce disque, la chanson titre nous emmenant par exemple vers une esthétique presque nippone, teinté de piano bar suave et langoureux.
Des adjectifs qui conviennent bien aux sonorités de cet album, où la voix de Smoughton (sorte de mélange entre Lionel Richie et le chanteur des Dirty Projectors) nous balade d’une chanson à l’autre avec une classe folle, le chanteur se montrant ici comme une sorte de crooner déchu composant son dernier disque lors d’une traversée mélancolique du Miami de 1983. Les mélodies, bien souvent pêchues et catchy, nous obligent souvent à taper du pied comme à l’écoute d’une chanson comme Dan, ravageuse avec sa guitare acérée et ce clavier sautillant nous replongeant en plein dans le jeu vidéo Grand Theft Auto. A ce propos, l’évocation du jeu vidéo n’est pas si décalée du sujet : sur un titre comme Find A Way To Stop Him, on croirait retrouver les compositions toujours aussi flamboyantes de Masato Nakamura, compositeur des premiers épisodes de Sonic sur l’antique Megadrive.
Au fond, Soft Return est aussi l’album d’une idée toute faite des années 80, avec cette ambiance de romance illuminée par le néon rose d’une boîte de nuit dont Madonna est la nouvelle reine. Puissant, et incroyablement émouvant (Nitemoves et cette intro rappelant Nightvision de Daft Punk), Soft Return est un album doux, doté d’une production moderne percutante et qui permet à tout ce son si particulier de ne pas tomber dans le kitsch amer et irritant. Un disque vraiment charmant, et qui pourrait bien être une formidable bande son estivale.