Male Bonding

La nouvelle vague indie telle que nous l'avons connue ces sept ou huit dernières années est manifestement en train de s'écrouler. Peu à peu, tout les enfants du revival rock initié à l'orée des années 2000 par les Libertines et autres Franz Ferdinand disparaissent. Pourtant, dans ce marasme musical, quasiment dominé par l'electro-pop frivole et insignifiante, la scène DIY britannique est enfin en train de suivre les traces de son homologue étasunienne, avec un esprit « back to the underground », et ce n'est pas plus mal comme ça.

Male Bonding, qui en est sûrement son exemple le plus célèbre, signé sur le prestigieux label Sub pop après quelques singles sortis pour la plupart sur de plus ou moins obscurs labels bricolés à la maison, sort enfin un premier album en forme de coup de fouet à un début d'année plutôt terne.
Nothing Hurts est marqué par le sceau Sub Pop, sous haute influence américaine et 90s, brassant abrasion punk, mélodies pop limpides, production lo-fi et noisy délavée, dans un son proche d'Abe Vigoda et leur punk tropical (Pumpkin, Franklin), No Age ou même Nirvana période Insecticide (Crooked Scene). L'album est très dense, urgent, implacable et bourré de tubes potentiels aux refrains étonnement accrocheurs (Weird Feelings, Year's Not Long, Pumpkin).
Male Bonding fait preuve d'un vrai bon sens de la composition, Nothing Hurts est bien plus accessible qu'il n'y paraît, quasiment pop-punk, sans hésiter à expérimenter en souvenir de périodes plus extrêmes (l'introduction de Nothing Use To Hurt). Le groupe se permet même une ballade rêveuse à la guitare sèche (Worse To Come) en duo avec ses amies de Vivian Girls pour un point final astucieux.

Ce premier album de Male Bonding est une excellente surprise. Si l'on connaissait le potentiel du groupe grâce à des singles rageurs, spontanés et instinctifs, on s'inquiétait un peu de passage au long format. Nothing Hurts, bien que très référencé, balaie tous nos à priori avec brio. Douée et efficace, l'Angleterre n'a plus à rougir de sa scène DIY car elle commence à sérieusement en imposer !