Rox

Rox. Difficile à croire que dernière ce patronyme à consonance plutôt masculine se cache en réalité une jeune chanteuse. Et pourtant, Rox, c'est en fait Roxanne Tataei, qui, derrières ses origines mi-iraniennes mi-jamaïcaines, aurait bien pu chiper à Amy Winehouse et consorts le statut de nouvelle égérie soul-pop d'Angleterre.

Car si Memoirs, le premier album de la jeune femme basée à Londres, n'est peut-être pas aussi vivant que celui de la chanteuse de Rehab pour se loger directement dans la liste de ceux qui savent nous accrocher immédiatement l'oreille en une écoute, son charme, sa chaleur et certains de ses mélodies et instrumentations méritent tout de même que l'on s'arrête sur ses douze titres.
Morceaux qui ont bénéficié, de prime abord, d'une réalisation chapeauté par quelques artistes réputés pour leur efficacité à façonner les tubes de demain : Al Shux (déjà derrière des productions de Jay-Z et de Lupe Fiasco) côté écriture, et KRS One et surtout de Damian Marley pour l'enregistrement du disque, dont les sessions ont eu lieu entre le New Jersey et l'effervescence de la capitale anglaise. Un joli casting artistique qui - il fallait le souligner - avait déjà de quoi orienter notre opinion de la galette.

Au final, le résultat, bigarré et hétérogène, est tel que cet album représente une sorte de melting-pop de toutes les influences de chacune des personnes ayant participé à sa conception. Fan de Lauryn Hill, Mary J Blige ou encore d'Aretha Franklin, Rox a déjà partagé la scène avec Mark Ronson et Daniel Merriweather ; rien d'étonnant de voir, dès lors, se profiler tout au long de l'opus une forte inspiration Motown. Si l'ombre d'Amy Winehouse reste prégnante (sur No Going Back et Breakfast In Bed), ce disque s'inspire autant de Macy Gray ( Page Unfold) que de la récente coqueluche anglaise de la pop-soul « retro », VV Brown, (sur le single I Don't Believe), le tout flirtant avec le folk, le reggae voire le trip-hop.
C'est peut-être ainsi lorsqu'elle s'éloigne des origines de la soul pure et dure que Rox séduit le plus. A son titre un peu trop lisse Oh My - trop poli et constant malgré sa jolie mélodie – et le fade Forever Always Wishing, on préférera par exemple son délicieux grain de voix posé sur la ballade folk-blues Heart Ran Dry aux chœurs angéliques et le gracieux Precious Moments.

Au delà de la voix imposante de Rox, en laquelle réside au final l'atout majeur de ce disque, quelques instrumentations tout comme la production de certains titres, claquent : c'est notamment le cas du jolie groove de basse sur le décomplexé et extatique My Baby Left Me, de l'aérien et touchant Sad Eyes, ou de l'efficace hymne reggae Rocksteady, chaleureux comme un jour d'été à la plage.