Alan Pownall

C'est un album à l'atmosphère jazzy et aux influences british que sort Alan Pownall, jeune songwriter Londonien et accessoirement copie masculine de La Roux, de la tenue à la coupe de cheveux. Celui qui assurera dès cet hiver la première partie d'Amy MacDonald sur les dates outre-Manche de l'Ecossaise est, depuis le mois de mars, labellisé comme le nouveau Jack Johnson. Pourtant, le crooner rétro démontre au travers des onze titres de True Love Stories qu'il n'est pas de ceux qui s'engouffrent dans la porte ouverte par l'hawaïen, maître des ondes FM ces derniers mois. C'est plutôt la voix tracée par le grand frère canadien, Michael Bublé, qu'emprunte le jeune chanteur. Et c'est là que le bât blesse, car Pownall se revendique folkeux, fan inconditionnel de Tom Petty, très loin donc de l'ambiance feutrée qu'il nous livre.

Car Alan Pownall, c'est surtout et avant tout une passion limpide et démesurée pour le jazz trad et moderne, auquel il tente d'insuffler des rythmes pop. Du haut des ses vingt-cinq ans, le petit gars à la gueule d'ange se rend certainement compte que sa désuétude, toute aussi charmante soit elle, est en même temps un frein à sa carrière. Comment agir si l'on plait plus aux mères qu'aux filles (question qu'il devrait peut être aborder avec Frank Michael, notre crooner botoxé national) ?
Mais dans True Love Stories, on trouve bien d'autres influences qui permettront peut-être aux acheteurs d'adhérer à ce que Pownall nous propose. Ainsi, avec Clara et Too Many Holes, on retrouve le Honey Pie des Beatles; pop et et un peu démodé, mais le mot Beatles est magique et a permis depuis 1964 à bien d'autres de lancer leur carrière. Colorful Days ou encore You Know résonnent eux comme des titres déjà entendus sur la bande originale d'une série telle que Cold Case. C'est sans compter avec More Or Less, teinté de bossa nova ou Don't You Know Me, sorte de crossover totalement hallucinant entre le Vous Permettez, Monsieur d'Adamo et le Stand By Me de Lennon. Quant à Chasing Time, pas de doute, l'anglais pioche allégrement dans les rythmes cubains et y ajoute une pincée de Jack Johnson. Vendeur et à la fois élitiste. MTV et One Shot Not.

Déjà vu, déjà entendu, c'est le reproche qu'on peut faire à cet album, certes bien produit, mais qui offre une version Mini-Mir, condensé javellisé, du jazz et du folk. Certes, on se jettera sur True Love Stories un 24 décembre à 17h, réalisant soudainement qu'on a l'air un peu bête avec pour seul cadeau pour belle-maman un bouquet de fleurs. Mais d'ici là, pour se mettre au jazz, rien ne vaut un bon vinyle au son crade, dégoté dans un vide grenier.