logo SOV

Lupen Crook

The Pros And Cons Of Eating Out

Lupen Crook - The Pros And Cons Of Eating Out
Chronique Album
Date de sortie : 04.10.2010
Label : Beast Reality Records
3
Rédigé par Maxime Delcourt, le 20 octobre 2010
Bookmark and Share
De la trempe d’un Ray Davies sous électrode, aux tendances électriques, le flamboyant Lupen Crook et son troisième album The Pros And Cons Of Eating Out sonde la psyché anglaise et ses démons enfouis.

Comment définir l’œuvre de Lupen Crook ? Est-il réellement possible d’y trouver une quelconque définition ? L’enjeu se trouve là. Lupen Crook est artiste intemporel parce qu’accrocheur et complexe. Ce qui explique ceci. Il aime révéler les parties de nous-mêmes que nul n’ose montrer : le sentiment de culpabilité, l’obscurité et les secrets de nos vies. Ce qui explique cela.
Profitant de ce troisième album pour réveiller l’instinct animal qui sommeil en nous, Lupen Crook édifie un son perpétuel et farouchement mélodique d’une âme mise à nu. Mais qui peut éventuellement fatiguer à la longue.
Chaque morceau, aussi curieux et volatil soit-il dévoile un peu plus l’univers complètement vaste et cinglé de ce songwriter unique. Qu’importe alors que l’ensemble paraisse un peu bordélique, pas toujours cohérent, puisque ça intrigue. Et surtout, grâce à son éloquence, tant vocale qu’instrumentale, on reconnait quelques influences, frappantes d’incohérences : de Burton à The Coral (Devil's Son). Dans ce théâtre des contradictions, lui, y a trouvé un lien. Nous, nous restons en plein mystère.

Au niveau des thèmes, The Pros And Cons Of Eating Out reprend des histoires entendues à maintes reprises : identité et relations, célébrations de nos énergies et de nos instincts sexuels. Ces thèmes sont universels, mais libre à chacun ensuite de les interpréter selon ses expériences et ses âges. La force de Lupen Crook est dans la contemporanéité de ces sujets qu’il traite à la fois en tant qu’agitateur et qu’antidote. Toute confusion est entièrement facultative.
Et ce n’est pas tout. Lupen Crook pousse le vice encore plus loin. A l’exception de World's End, qui se base sur les meilleures ballades des Kinks, The Pros And Cons Of Eating Out fait preuve d'une volonté très claire du présent, usant et abusant des sonorités actuelles pour se projeter dans le devenir. Ainsi, World's End est peut-être la meilleure ballade, à la mélancolie glaçante et à la beauté imprévisible, jamais composée par l’anglais.
Ce jeune débraillé aux orchestrations démesurées confectionne une pop canaille à la fois vraie et fraîche. Des strates rénovatrices de Sleeping Lions aux volutes d’allégresses de Dorothy Deserves, en passant par la béatitude de Pirate's Wife, l’artiste maitrise son sujet mais peine à le domestiquer. En attestent des titres comme Lest We Connect The Crooked Family et Scissor Kick où les rythmes zigzaguent et détonnent aléatoirement.

Lupen Crook, le bien nommé, n’a toujours pas livré son chef-d’œuvre, trop modeste sans doute. Qu’importe, il confesse avec d’autant plus d’interrogations sa relation avec le monde, son monde. Et ce qu’il y cache semble inévitable.
tracklisting
    1. Fantasist In March
  • 2. Will O The Wisp
  • 3. Sleeping Lions
  • 4. Dorothy Deserves
  • 5. World's End
  • 6. Devil's Son
  • 7. Lest We Connect The Crooked Family
  • 8. Scissor Kick
  • 9. Pirate's Wife
  • 10. How To Murder Birds
  • 11. Hour Glass
  • 12. Ode To Fucking Everyone
titres conseillés
    World's End, Dorothy Deserves, Sleeping Lions
notes des lecteurs
Du même artiste