The Redneck Manifesto

Friendship, le dernier opus du quintet dublinois sorti en mars dernier, se positionne vraisemblablement comme l'une des sorties les plus réussies et les plus éclatantes du post-rock pour l'année 2010.
Depuis 2004 et leur I Am Brazil, The Redneck Manifesto ne nous avaient donné à grignoter que quelques titres et l'impatience se faisait donc de plus en plus grandissante. Comme à l'accoutumée, la sortie de Friendship s'est faite relativement discrète, même si la presse underground et le réseau de fans l'attendaient comme le Messie.

C'est donc avec dix nouveaux titres que Richard Egan, bassiste de génie et ses compères reviennent en force. Le post-rock livré par The Redneck Manifesto a su garder l'originalité qui lui a permis de se démarquer de la multitude de groupes ayant fleuri ces dernières années : là où les autres se placent dans des compositions alambiquées et plutôt sombres, les Irlandais préfèrent quant à eux nous livrer un post-rock dansant et groovy dans un format plus standard (ne dépassant que rarement les six minutes) et inhabituel à ce style. La musique de The Redneck Manifesto fait parler un à un les instruments qui finissent par se répondre, à l'instar de Rubber Up. La personnalité musicale de chacun des membres du groupe est successivement mise en valeur.

Les mélodies chaotiques nous emmènent vers tout et son contraire. Les cassures rythmiques ponctuent l'album, flirtant parfois avec le décousu; Weird Waters semble comporter plusieurs plages tant les variations sont fréquentes.
Black Apple, titre d'ouverture, est un bel échantillon des capacités du quintet : des guitares sautillantes côtoyant des saturations en arrière-plan, une rythmique rapide, des notes groovy, funky, dansantes et des claviers robotiques et hypnotiques. On est loin du côté atmosphérique et aérien habituel au post-rock. Avec l'intermède qu'offre Tomb Of The Dudes en milieu d'album, les percussions virent vers le tribal. Même si certains titres font plus figure d'entracte, le tout garde une grande cohésion et s'articule intelligemment autour d'un maître mot : la rythmique dansante.

Friendship est donc un album à écouter sans attendre pour tout amateur de post-rock; ses quelques compositions se déploieront agréablement au fil de l'album. The Redneck Manifesto nous propose à nouveau un moment jouissif, même si l'explosion se fait totale en live et que leur musique prend toute son ampleur sur scène. Contrairement à beaucoup de groupes de post-rock, les Irlandais apportent une touche de chaleur à un style parfois froid et difficile d'accès de prime abord. Dans les albums oubliés de 2010, mettez donc Friendship tout en haut de la pile.