Maybeshewill

I Was Here For A Moment , Then I Was Gone est le troisième album du groupe de Leicester, Maybeshewill. Les OVNI du post-rock ont délaissé Field Records, qui les suivait depuis leurs débuts pour rejoindre Function Records. Ce changement de label n'est cependant pas la seule nouveauté : après beaucoup de changements de line-up autour de Southby, Helps et Collins, Jamie Ward est désormais le bassiste en chef. Néanmoins, le plus probant changement reste ce dernier fait : pour la première fois et malgré leur réticence, comme ils l'ont de nombreuses fois signifié en interview, Maybeshewill ont décidé de donner un peu moins dans le Do It Yourself et ont enregistré dans un vrai studio.

Ce que l'on remarque, c'est que cette décision n'est pas sans conséquence : en plus d'accoucher d'un album magnifique, le son de ce I Was Here For A Moment, Then I Was Gone est d'une pureté époustouflante. Moins agressif que les précédents, cet album est une ultime preuve de ce qu'on l'on avait déjà pu constater : Maybeshewill ne livrent pas un ersatz de post-rock déjà entendu.
Souvent comparés à 65daysofstatic, les Anglais allient la théâtralité du post-rock aux sonorités électroniques et, ici, certains moments se font même pop. Le tout est articulé autour de titres au format chanson (entre quatre et six minutes en moyenne), chose peu banale pour le style. Rien n'est superflu et jamais on ne se perd en longueurs inutiles.

Alors que la primeur va souvent aux guitares ou à la batterie, Maybeshewill leur préfèrent la musicalité et la douceur du piano qui s'impose comme l'instrument phare et récurrent de ce LP, en atteste l'entame sur Opening. L'instrument vient se greffer à la progression principale et donne une dimension lyrique aux compositions.
Les mélodies semblent parfois suspendues et les cordes, dirigées par Sophie Green, membre de Her Name Is Calla, rendent certains titres épiques (Take This To Heart). Sur cet album, les instruments se suffisent à eux-mêmes et on ne trouve ni chant, ni dialogues de film comme on pouvait en entendre sur Sing The World Hope In Four-Part Harmony.
Les transitions sont soignées et atteignent leur apogée entre Words For Anabella et Farewell Sarajevo. On passe en quelques minutes d'une ballade conduite par une section de cordes à un crescendo apocalyptique mené par une batterie soutenue ; là-dessus, toujours le piano, ajoutant au pathos. Farewell Sarajevo revêt à lui seul toute la beauté de cet album, la fébrilité côtoyant la fureur.

Dix-huit mois de travail intensif auront été nécessaires à la réalisation de I Was Here For A Moment, Then I Was Gone. Maybeshewill utilisent toujours autant le clavier et les sonorités électro mais le piano est plus que jamais mis en avant. Si l'époque est difficile pour les groupes de post-rock, Maybeshewill réussissent avec brio à ne pas livrer du déjà entendu.