Hyde & Beast

Dans la série des side-projects de l’année 2010, Hyde & Beast semblait le plus prometteur des groupes dont les membres sont déjà issus de formations existantes. Quand deux batteurs de Sunderland, celui des Futureheads, Dave Hyde, accouplé à l’ex-Golden Virgins, Neil Bassett, rassemblent leur talent et leurs beats, on peut s’attendre à des coups en douce et une valse de sons à deux temps : c’est ce qu’il ressort de l’album Slow Down qui mérite son titre autant qu’Amy Winehouse (R.I.P) méritait son patronyme !

Dés la première piste, Never Come Back, Dave Hyde se prend d’affection pour Syd Barret et, avec l’aide d’un Neil Basset, de dix ans son aîné, arborant le look d’un quinqua très sage à la barbe blanchissante, nous entraîne dans des contre temps que l’on retrouve sur les titres les plus intimistes des Pink Floyd ; avant que Roger Waters ne fasse interner son rival...
La guitare, sur ce titre et les suivants, chaloupe et semble sortir tout droit des cartons d’Andy Wharol en rappelant, pèle-mêle, la délicate mélodie de Pale Blue Eyes ou de Venus In Furs du Velvet Underground. Sur Never Come Back, le clin d’œil, pour ne pas dire autre chose, à Pale Blue Eyes est quasi généralisé ; que ce soit dans la rythmique, tout en douceur, le clavier bastringue du début, jusqu’à la voix légèrement éraillée de Dave. You Will Be Lonely joue lui aussi sur la corde Velvetienne mais façon country décalée tel un Macadam Cow Boy perdu dans le New York des années 2010 fredonnant Lonesome CowBoy Bill.

Les duos éclectiques minimalistes ont décidemment le vent en poupe depuis le plus célèbre d’entre eux au 21ème siècle, The White Stripes. The Kills, The Ting Tings, The Do, Moon Duo... à tous les citer, on remplirait ce feuillet plus rapidement que David Guetta écrit ses couplets, c’est dire ! Les onze titres du disque revisitent les périodes 60s et 70s et ne se gênent pas pour voguer sur des tonalités psychédéliques, groove, expliquant l’une des raisons de l’accueil très positif que leur a réservé la presse Anglaise. Les chœurs sont souvent empruntés aux Beach Boys, le tambourin aux Yardbirds et des titres comme If You Coud Buy Me Anything ressuscitent, à coup de vocalises, gonflées à l’hélium et mal assurées, l’âme de Syd Barret, depuis des lustres en vol stationnaire au-dessus d’un nid de coucou. Sur Louis Lullaby, c’est la mélopée d’un titre quasi sans paroles qui enveloppe l’auditeur d’un doux manteau d’hiver réchauffé précautionneusement au coin d’un feu.
Mais alors que reprocher à ce duo inattendu ? Une légère complaisance dans les hommages trop appuyés à leurs aînés. Une musique qui a les capacités pour innover mais qui n’ose pas, préférant l’esthétisme du son et l’esthétique de l’image (le joli vidéo clip de Never Come Back) au lâcher prise artistique. Et des titres furieusement trop courts ! Avec moins de deux minutes pour Go To Sleep et Wolfman Blues, l’album offre difficilement une demi-heure d’écoute. Plus qu’un opus des Ramones, soit. Mais au tempo des frères du Queens, on ne s’en aperçoit pas !

Ce Slow Down est néanmoins une très belle surprise et Hyde & Beast signent là un premier album lunaire difficilement étiquetable et que ses auteurs ont voulu maîtrisé. Maîtrise des instruments, des voix et des rythmes pour un rock psyché mais sous un climat tempéré.