Chronique Album
Date de sortie : 25.07.2025
Label : LAB Records
Rédigé par
Jordan Meynard, le 25 juillet 2025
Passés de coqueluches du label This Feeling à véritables chouchous des festivals, The K's ont longtemps joué avec notre patience. Après un premier album enfin sorti en 2024 (après sept ans à distiller des singles), le groupe d'Earlestown revient dès l'été suivant avec Pretty On The Internet, deuxième opus qui capitalise sur l'élan populaire sans pour autant totalement s'affranchir de la formule. Produit par Jim Lowe (Taylor Swift, Stereophonics) et mixé par Pete Hutchings (Adele, Florence + The Machine), ce nouveau disque a tous les atours d'un projet taillé pour les stades. Et c'est précisément ce qui le rend parfois aussi frustrant qu'efficace.
Dès Before I Hit the Floor, on comprend que The K's n'ont pas envie de perdre de temps. Les guitares galopent, la batterie cogne, les paroles s'enchaînent à toute allure - un condensé d'énergie brute, calibrée pour remuer les foules. Pendant les sept premiers titres, le groupe aligne les morceaux comme on coche les cases d'un bingo indie rock : riffs nerveux, refrains fédérateurs, et cette urgence typique de l'école post-Libertines. Mais c'est aussi là que le bât blesse : cette urgence devient redondance. Bien que la voix de Jamie Boyle apporte un cachet indéniable, les morceaux ont tendance à se ressembler. La production, trop dense, laisse peu d'espace aux instruments pour respirer. Le mix sonne souvent claustrophobe. On en ressort essoufflé, avec la sensation d'avoir entendu plusieurs fois la même chanson sans savoir laquelle contenait ce riff qui nous avait pourtant accroché l'oreille.
Puis soudain, l'album bascule. Helen, Oh I, déjà dévoilé en amont, offre un moment de grâce. Piano, guitare acoustique, et un Jamie Boyle à nu : c'est dans ces instants dépouillés que The K's brillent le plus. On pense à une version plus brute d'un Coldplay première époque, ou à une ballade des Courteeners - poignante sans tomber dans le pathos. Running Away Now, autre moment fort du disque, aborde frontalement la santé mentale, avec une sincérité rare et touchante. The K's cessent ici d'interpréter un genre pour s'exprimer pleinement - et ça change tout. On découvre un groupe capable de profondeur, d'élégance, et surtout de retenue.
Même si Picking Up The Pieces et 33 Heads ramènent un peu d'énergie dans le dernier tiers de l'album, ils montrent surtout une écriture plus intelligente, plus subtile, qui aurait mérité de s'étendre à l'ensemble du disque. Enfin, Pretty On The Internet se clôt sur le majestueux Perfect Haunting, morceau cinématographique et ample, où les cordes et le piano s'entrelacent avec une grâce inattendue. Un final somptueux, preuve éclatante que The K's ne sont pas simplement de bons faiseurs de tubes indie, mais un groupe capable de réelle ambition artistique.
Pretty On The Internet n'est pas un album raté, loin de là. Il est simplement trop souvent prisonnier de son désir de plaire. À force de vouloir maintenir la tension, The K's en oublient parfois de respirer. Pourtant, quand ils ralentissent, qu'ils acceptent la fragilité, ils révèlent une profondeur bouleversante. Avec ce deuxième disque, The K's confirment leur potentiel. Ils ont trouvé leur son, leur public, et savent comment l'emmener. Il ne leur reste plus qu'à accepter de perdre un peu de contrôle. C'est dans cette faille que se cache, peut-être, leur plus belle promesse.