Field Music

Au pays du groove un peu tordu, Field Music est le roi ! S'il a toujours embrassé la pop à travers ses albums, voire effectué une belle cristallisation du genre sur son double album Field Music (Measure), paru en 2010, le groupe anglais nous embarque encore plus loin avec Plumb.

Au programme : des mélodies à l'orchestration très fournie, éveillant tour à tour la joie, la nostalgie, le mystère, la jouissance ou la tristesse. Bref, autant de sentiments dont l'effet (dans le meilleur des cas) éphémère se corrobore d'ailleurs, la plupart du temps, à la perfection avec la durée des quinze titres proposés, oscillant entre cinquante secondes et presque quatre minutes.
Au fil de l'écoute, on croise le psychédélisme pop des Beatles (Sorry Again, Mate et ses violons tempétueux), l'élégance de David Bowie (A Prelude To Pilgrim Street), l'attitude décomplexée et le rythme frénétique des Talking Heads, et on adhère à des incursions dans la musique classique (l'a capella How Many More Times).

Chez Field Music, les idées fusent comme on respire (Start The Day Right, Is This The Picture?), le chemin n'est jamais linéaire et la route vers l'extase toujours semée d'embûches. Les arrangements, richissimes, témoignent d'ailleurs de la vitalité et de la matière complexe qui illustrent ce disque : une basse groovy, des choeurs, des violons tortueux, des pianos fougueux, des guitares électriques et des tempos et rythmiques jouant au yoyo (le piano piqué de So Long Then) ornent des mélodies pas forcément très accrocheuses mais toujours séduisantes et originales.

Au final, on vit ce Plumb comme un parcours épique, en traversant autant d'instants de calme angoissant (Guillotine) que de moments de folie douce. Une fois encore, les frères Peter et David Brewis misent sur ce qu'ils savent faire de mieux : rendre heureux.