VCMG

Ce qui est un événement historique ne sera pas un événement musical. Après trente ans de séparation, Martin Gore et Vince Clarke jouent à nouveau de la musique ensemble. Ce dernier avait claqué la porte de Depeche Mode après le premier album de leur formation, trouvant qu’ils n’iraient jamais tellement loin. Le groupe qui aurait pu tout simplement disparaître et donner raison à son principal compositeur a tenu bon, et c’est Martin Gore qui s’est depuis collé à la composition. La suite des événements a donné tort à Vince bien sûr. C’est la première fois que le groupe perdait un de ses membres jusqu’au départ en 1995 d’Alan Wilder, embauché en renfort au départ de Vince. A croire que le poste est maudit.

A l’occasion de la dernière compilation de remixes de Depeche Mode, le trio restant s’était pour la première fois rapproché de ses anciens membres en demandant à chacun un remix inédit. Beaux joueurs, ceux-ci avaient retravaillé un morceau postérieur à leurs départs. A l’occasion, Vince s’était aussi rapproché de Martin et deux ans plus tard sort Ssss, le premier album de VCMG. Difficile d'imaginer à quel point l’attente des fans peut être grande. Alors, pour remettre le couvert et accorder tous les synthés, il faut préciser que ce side-project est la récréation de deux vieux potes qui se retrouvent et jouent de la musique ensemble. Enfin, pas tout à fait ensemble, puisque les deux anglais ont émigrés aux Etats-Unis, mais chacun d’un côté, Martin sur la côte Ouest et Vince sur la côte Est.

Le résultat consigné sur Ssss est un truc de geeks, fans de vieux synthés, de disques de sons et de MAO (pas le dictateur chinois, la Musique Assistée par Ordinateur). C’est expérimental et, pour la plupart des titres, proche de la musique de rave, pour danser une partie de la nuit jusqu’aux premières heures du jour.
Le tempo est enlevé, l’ambiance dancefloor, le genre de disque obscur qu’un DJ peut laisser tourner une fois la piste chauffée. Le moins que l’on puisse dire est que même s’ils ne sont pas très inspirés, les deux vieux complices ont gardé la forme. Sur cet album instrumental, les boucles s’enchainent dans des atmosphères électro-indus. C’est d’ailleurs le seul point commun avec la musique du groupe qui les a réunis la première fois, ce talent hors-normes de Depeche Mode pour faire de la pop avec des sons tordus, voire franchement sombres.

Le meilleur moyen de profiter de cette album est de lâcher prise sur un dancefloor, et de surtout oublier qui se cache derrière ces quatre lettres, les initiales de deux membres d’un groupe majeur.