Micachu And The Shapes

Vous pensiez tout connaître des contours de la pop, même ses plus sinueux ? Un conseil : revoyez vos convictions en écoutant Never, nouvel album de Micachu And The Shapes, qui, à bien des égards, mérite plus d’une attention !

Inclassable, ce disque prouve qu’il ne sert à rien de coller des étiquettes à des groupes qui font tout pour s’en éloigner : d’obédience pop, la musique de la chanteuse anglaise Micachu ressemble au final à son parcours, aussi mouvementé que divers : du violon à l’alto, cette extravagante artiste est passée par l’Orchestre Philarmonique de Londres - pour lequel elle a composé - et s’est aussi frottée aux platines en tant de que DJ sur la scène club garage. Pas étonnant donc que ces chansons soient aujourd’hui nourries de nombreuses choses.

Alambiqués, les titres de Never sont tout aussi pop et électroniques que punk (Easy) ou trip-hop (Low Dogg), et souvent mélodiques (la ballade bien crade Nothing) ; certains rappellent aussi l’univers fantasmagorique du génial Connan Mockasin (Sick), quand d’autres font le grand écart entre hard-teck, dance, punk et hardcore (Nowhere).
Tous, en tout cas, possèdent une originalité rare, amenée par le songwriting légèrement farfelu de la demoiselle : que ce soit dans les effets intégrés sur le chant (Top Floor) et les instruments ou dans la production - low-fi, très électrique et parfois délicieusement cheap (Holiday) -, Micachu And The Shapes impose au final un univers bariolé qui, à défaut d'être toujours accrocheur, s'avère souvent intriguant (Fall, Waste).

Un disque hybride et bien foutu, à la fois foutraque et pointu, qui donne de l’importance au rythme (You Know, Never) mais aussi une (bonne) image de la fantaisie (Heaven) et de l’expérimental. Autrement dit, un sens nouveau à la pop moderne.