Tender Trap

On se rappelle de la sortie du premier single du nouvel album de Tender Trap comme un événement marquant pour la Twee Pop. Amelia Fletcher nous offrait un aperçu de ce phénomène pop : les dix morceaux sur les filles de cet album allaient montrer une facette plus explosive encore que ses albums précédents.

Tender Trap font de la pop mais ils la font bien, à commencer par explorer les sujets les plus attendus. Ils sont là où on les attend et ça marche. Mais le nouvel opus du groupe rayonne bien trop fort pour ne pas dissimuler quelques accords empoisonnés.
On assiste d'abord à une série de tubes charmants, aux refrains entrainants et on s'imagine déjà les personnages d'Amelia comme des poupées nous révélant leurs sentiments de fraicheur pour égayer les soirées des jeunes filles en fleur. Voici ce que nous laissent entendre les premières notes de cet album : un melting pot de bons sentiments sur les relations. Mais rien de tel. On se rend vite compte de l'ironie musicale cachée sous ces tubes fleuris de bons sentiments, la voix plus hypnotisante que jamais, un concept album, bande originale d'une vie immaculée. L'album de Tender Trap est avant tout un album visuel avant d'être pop.

En allant légèrement au-delà du premier degré, les rythmes ne sont pas si chaleureux. Non, vous ne nagez pas en plein conte de fées, rassurez-vous, cet album est saupoudré d'un humour fin et énergique. Un voyage en train nous permet de rentrer vers un univers enchanteur, avec ses chœurs purs et frais. Ce sera l'histoire d'une quête initiatique à travers les âges de la vie et sur ces jeunes femmes, croisées, perdues ou adulées. Malgré la tendresse des voix, l'oppression de la basse résonne comme un bousculement profond qui anime les protagonistes.
Si l'on nous berce d'abord avec le bruit des wagons, c'est pour mieux nous surprendre. Le changement de tonalité est délicat et murement intuitif. Le single Step One marque une vraie fracture dans cet album. Les personnages prennent le dessus vers une deuxième partie plus rythmée. On touche enfin le sujet du doigt. Le disque est scindé en deux mais le passage à l'âge adulte est progressif et empli d'ironie. C'est ainsi que l'on nous chante la marche à suivre pour devenir une pop icône, d'une manière différente du « It's a long way to the top if you wanna rock'n roll » d'AC/DC, plus ravageur. Mais, Dieu merci, des guitares plus brutes entrent en jeux pour corser les choses (n'exagérons rien, cela reste de la pop !).
L'écoute continue sur cette lancée jusqu'à l'excellent Ode, entrainant et accrocheur. Cet album possède quelques pépites fines de ce genre qui en font un album à recommander chaudement, ne serait-ce que pour profiter du timbre intimiste d'Amelia Fletcher.

Alors que le titre Broken Doll emprunte à un style bien plus pop-punk pour terminer en beauté, l'ultime titre nous ramène à une pop plus sereine. Les enfants chantent, tout va bien. Pas sûr toutefois que le message soit clair. Certes on est bien loin de la mélancolie envoutante de 6 Billion People, mais Tender Trap ont une image bien épurée de la femme du XXIème siècle.