The D.O.T

Après une collaboration initiée il y a maintenant près de deux ans pour l'enregistrement d'une poignée de titres figurant sur l'ultime album de The Streets, Computers And Blues, c'est sous le pseudonyme de The D.O.T que Mike Skinner et Rob Harvey (ex-The Music) ont choisi de suivre un chemin commun. Si cette alliance avait pu surprendre dans un premier temps, la complémentarité de ces deux personnalités atypiques avait rapidement su convaincre. Au point de tenir la distance sur la longueur d'un album ?

Avec And That, leur premier effort studio, les deux anglais font table rase du passé pour explorer de nouvelles contrées s'éloignant parfois de leurs univers respectifs. S'il n'est ici, de manière somme toute logique, que rarement question de rock, le duo n'a pas plus choisi de se tourner vers le hip-hop, garage et autres dérivés tel que les affectionnait tant Mike Skinner durant sa première décennie d’exercices. Ici, exception faite de quelques écarts, les beats, la house et la musique électronique constituent les bases de la majorité des onze compositions présentées par le duo, sélectionnées parmi les nombreux extraits de travaux ou démos mis en écoute sur leur site officiel.

S'ils se sont trouvés avec une surprenante facilité, Mike Skinner et Rob Harvey donnent le plus souvent l'étrange sensation de se chercher encore le temps de cet album. Exception faite du partage des textes et des voix, le premier nommé laissant de côté le rap pour un chant plus classique mais moins convaincant alors que le second fait étalage de toute sa palette vocale, la nouvelle orientation du duo laisse parfois perplexe. On pourrait notamment citer leur premier single, You Never Asked, pour lequel les participations de Clare Maguire et Danny Brown font dangereusement pencher le titre vers un mainstream peu alléchant, le grossier Goes Off, Like I Used To, gâché par d'irritantes déformations vocales, ou même la paire Strong Skunk et Colours That Don't Exist, peu inspirés et destinés aux dancefloors.
C'est avec des ambiances plus subtiles ou variées que la paire parvient malgré tout à tirer son épingle du jeu. Violon et influences orientales font ainsi de Weapon Of Choice l'une des compositions phare du disque tandis que Shut Up And Keep Talking, au tempo enjoué et sur lequel plane l'ombre de Jamie T, se révèle vite être un single en puissance. Mention spéciale également au trip-hop clairsemé de riffs de guitare de Right Side Of Madness ainsi que Where Did I Go, épuré et aux sonorités pop, sous forme de parfaite clôture d'un disque dont le fil conducteur reste difficile à distinguer.

Certes inégal, And That possède son lot de réussites justifiant à elles seules d'accorder une certaine confiance aux deux musiciens, ne serait-ce que par respect à leurs succès passés.