Alessi's Ark

Lorsque l’on écoute un album d’Alessi Laurent Marke, on s’attend à être séduit, comme la première fois que l’on a pressé le bouton Play. Ce sentiment perdure avec ce troisième album de la jeune songwriter londonienne Alessi's Ark. Dans le prolongement de son joli Time Travel, la demoiselle raconte la suite de ses courtes histoires teintées de folk bucolique.

Toujours adepte du bricolage Do It Yourself, ses courtes chansons en forme de comptines pourraient bercer une vie estivale et apaisée avec ses boucles de guitares acoustiques nonchalantes et son laid-back volontiers minimaliste. Mais cette fois, la production est plus profonde, mystérieuse, soulevant des divagations électriques lointaines, à l'image de l'enlevée The Rain. Quelques sons électroniques et bruits divers apportent un coté planant et fuyant avec une rythmique se faisant volontiers pop comme sur Big Dipper, sans pour autant respecter les codes du traditionnel couplet/refrain. Alessi's Ark écrit ses chansons comme des histoires ayant un début et une fin, des histoires parfois tristes ou graves. Elles tranchent avec sa petite voix sucrée qui a néanmoins fortement gagné en intensité, surtout lorsqu'elle est portée par violons et violoncelles.

L’ouverture de l’album sur Tin Smithing est brève, comme chacune des pièces, mais nous emporte déjà de son phrasé métallique et métronomique. On reste toutefois en terrain connu avec des ballades ne s’éloignant que très peu de ce que la multi-instrumentiste a pu produire. La surprise arrive au beau milieu du disque avec une reprise de The National : Afraid Of Everyone. Le son se fait subitement plus sombre et on découvre une autre Alessi's Ark, plus proche de la froideur de Lykke Li que de ses habituelles escapades ensoleillées. Cette reprise est une des grandes réussite du disque, on aurait même aimé voir cette production qui parviendrait presque à nous faire danser, un peu plus présente. On reviendra par la suite à un folk plus traditionnel avec quelques sursauts magnétiques ou nappes d’orgues comme sur Hands in the Sink. Une partie de Sans Balance se voit même interprétée dans un français difficilement compréhensible tant l’accent anglais y est prononcé : si les groupes français chantant en anglais y parviennent parfois bien, l’inverse est très rarement le cas.

The Still Life pourra s’écouter dans son hamac sous un soleil de plomb, à la suite des deux premiers albums d’Alessi’s Ark en y retrouvant la même fraicheur insouciante.