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Cloud Boat

Book Of Hours

Cloud Boat - Book Of Hours
Chronique Album
Date de sortie : 27.05.2013
Label : Apollo
25
Rédigé par Julien Soullière, le 23 mai 2013
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Vendus à l’occasion comme les petits protégés de James Blake, Cloud Boat sortent aujourd’hui leur premier album, et ce quelques semaines à peine après la la publication du second long format de leur prétendu mentor. Hasard de calendrier ou non, reste que ceux deux disques s’insèrent parfaitement dans le paysage actuel, fait de grisaille et de pluie fine, et viennent donc à point nommé combler nos envies de cocooning.

Insister sur cette filiation entre James Blake et le duo londonien n’a rien de gratuit puisque, musicalement parlant, Book Of Hours est tout sauf l'antithèse du travail réalisé jusqu’ici par le jeune britannique : d’une langueur extrême, l’album révèle deux doux rêveurs qui aiment à donner du temps au temps, à laisser s’installer les ambiances, à tisser des titres cotonneux, pâles, presque invisibles tant ils sont d’une infime délicatesse. Mais là où James Blake a pour habitude d’agrémenter ses pérégrinations dub-step d’un soupçon de soul, Cloud Boat préfèrent donner dans le 2-step passé à la moulinette post-rock (absence d’immédiateté, importance des timbres, des textures), et qui sonne parfois comme la bande-son d’un voyage qui aurait lieu six pieds sous mer, une réverbération sourde venant draper chacune des compositions ici présentées.

Plusieurs fois, Book Of Hours réussit à caresser les contours de nos âmes, et parce que rien n’est jamais couru d’avance, c’est sûrement le morceau le moins sophistiqué de l’album, le somptueux Drean, qui remporte au final tous les suffrages : une voix, une guitare, quelques légers effets électroniques disséminés au gré du vent, ce sont là les seuls arguments dont ce titre de même pas trois minutes aura besoin pour qu’une force irrésistible enjoigne à nos genoux de toucher terre. Plus loin, c’est l’intervention d’une voix féminine tout en délicatesse qui viendra sublimer le chant d’église qu’est Godhead, et des beats parfaitement dosés qui dynamiteront un Pink Green II qu’auraient sans mal pu signer Massive Attack.

Un album, pourtant, ne peut se limiter qu’à quelques seuls coups d’éclats pour s’assurer le soutien de la plèbe. Au mieux, Book Of Hours aurait pu être sympathique de sa première à sa dernière piste, mais malheureusement, il accuse quelques fâcheuses et préjudiciables sorties de route à mi-parcours. Si on ne saisit pas bien l’intérêt d’un interlude aussi sombre et pesant qu’Amber Road, on comprend encore moins ce qui a poussé notre duo à intégrer You Find Me dans leur tracklist, cet immonde chant de Noël où la voix du chanteur, trafiquée à l’extrême, ressemble fort à celle du témoin lambda qui, dans une émission de télévision quelconque, a souhaiter s'exprimer sous couvert d'anonymat.

Dans l'absolu, difficile de voir en Book Of Hours un objet absolument passionnant : il séduit amplement à l’occasion de quelques morceaux, déçoit fortement à d’autres, et reste le plus souvent dans l'entre-deux eaux. Charmant mais trop éphémère, incapable de créer une réelle tension, ce disque est, c'est sûr, à écouter bien fort au casque. Oui, mais pendant combien de temps ?
tracklisting
    01. Lions On The Beach
  • 02. Youthern
  • 03. Bastion
  • 04. Drean
  • 05. Amber Road
  • 06. You Find Me
  • 07. Wanderlust
  • 08. Godhead
  • 09. Pink Grin I
  • 10. Pink Grin II
  • 11. Kowloon Bridge
titres conseillés
    Drean, Godhead
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