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Vennart

The Demon Joke

Vennart - The Demon Joke
Chronique Album
Date de sortie : 22.06.2015
Label : Superball Music
35
Rédigé par Julien Soullière, le 14 août 2015
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Lorsque l'on s'attarde sur les plus récentes photos de Mike Vennart, on croirait y voir son contemporain et compatriote, Gaz Coombes. Chez l'un comme chez l'autre, tout se règle désormais à coups de chemises savamment entrouvertes et de vestes parfaitement ajustées. Le cheveu autrefois rebelle est aujourd'hui rentré dans le rang, et pour ces artistes qui ont goûté aux joies de la vie en communauté, il semblait inconcevable de ne jamais s'exprimer sous leur seul nom. Les visages peuvent bien accueillir les marques du temps, les crinières poivres se parsemer de sel, la musique ne vieillit pas. Mieux, elle entretien la flamme. C'est ce qu'on se disait hier à la sortie de Here Come The Bombs et de Matador. C'est ce qu'on se dit aujourd'hui à l'écoute de The Demon Joke.



Vennart est un éternel adolescent. Ses grands yeux rieurs chercheraient à nous contredire qu'ils n'y arriveraient pas. La fougue n'a pas quitté le navire, et ce n'est donc pas une surprise si, pour son premier effort solo, l'ex-Oceansize pioche dans le rock progressif joué tant d'années durant par le groupe dont il a été le leader. A grand renfort de percussions puissantes et de guitares véloces, Infatuate, Duke Fame, et Retaliate nous renvoient sans mal à l'époque d'Everyone Into Position, tandis que le break qui enflamme Doubt quelques secondes durant (à partir de 1:39) vient nous rappeler les spasmes furieux qui s'emparaient ici et là d'Effloresce.
Et puisque l'on parle de dynamisme, nombreux sont les critiques à avoir mis en évidence la forte influence de Biffy Clyro sur The Demon Joke, expliquée à qui veut l'entendre par la proximité entre Vennart et le trio écossais, à qui il arrive de prêter main-forte lors de ses tournées (ndlr : il officie à la guitare). Et il y a du vrai là-dedans. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à poser l'oreille sur Operate, hymne pour stade dont la démesure orchestrale finale n'aurait pas dépareillée sur Only Revolutions ou Opposites, les deux plus récents longs formats signés Biffy Clyro, ou sur Duke Fame, dont le refrain fort et gracieux à la fois vient lui aussi évoquer le groupe originaire de Kilmarnock, sabrant au passage l'herbe sous les pieds de couplets stoner à la limite de la caricature. Mais au-delà de ces quelques exemples (et il y en a d'autres, plus ou moins perceptibles), c'est plus globalement le côté très « pop » de cet album qu'il faut retenir, et qui se traduit notamment par des morceaux au demeurant très courts si l'on se réfère à l'échelle d'Oceansize.

C'est sûr, l'album est imparfait. Exception faite du break dont on parlait plus haut, Doubt manque cruellement de souffle, Amends met trop de temps à quitter le tarmac, et Rebirthmark, franchement poussive, n'émoustille que lorsque que retentissent ses violons criards. Oui, mais The Demon Joke est porté par un Vennart qui ne cache pas son envie d'en découdre, et animé d'un plaisir qui ne saurait être plus communicatif. Alors, côté grosse artillerie, c'est un fait, Operate est une perle, Retaliate une petite bombe stoner. Seulement, plus remarquable encore est l'élégance folle qui émane des titres les plus délicats de l'album : digne d'un Chris Cornell de la grande époque (écoutez donc cette voix), Don't Forget The Joker mériterait d'accompagner la séquence introductive d'un prochain James Bond, là où A Weight In The Hollow nous ferait presque monter les larmes aux yeux.

Parait-il que, plus qu'à son allure, la classe d'un homme se mesure à la beauté des femmes qu'il courtise. A la mesure de sa musique également ? Si oui, définitivement, Mike Vennart est d'un chic à toute épreuve.
tracklisting
    01. 255
  • 02. Doubt
  • 03. Infatuate
  • 04. Rebirthmark
  • 05. Duke Fame
  • 06. Don't Forget The Joker
  • 07. Retaliate
  • 08. A Weight In The Hollow
  • 09. Operate
  • 10. Amends
titres conseillés
    Don't Forget The Joker, Retaliate, Operate
notes des lecteurs
notes des rédacteurs