Stuart A. Staples

Douze ans après sa dernière échappée en solo, Stuart Staples s'octroie une nouvelle escapade sans ses Tindersticks. Celle-ci s'avère très singulière, un peu comme la bande son du documentaire Minute Bodies : The Intimate World of F. Percy Smith composée par le groupe de Nothingham et parue l'année dernière. Pourtant, si cette dernière s'avérait très minimaliste, le nouvel acte de la tête pensante du groupe laisse place à un disque en quatre actes, le joliment nommé Arrhythmia.

Le disque débute avec une boîte à rythme qui claque d'un beat régulier. La voix reconnaissable entre mille de l'anglais vient s'y conjuguer délicatement. A New Real pourrait s'apparenter à une démo tant le son parait simple et dépouillé. Et puis, après un peu plus de trois minutes, la chanson prend chair et devient beaucoup plus lumineuse, comme si Staples faisait un joli pied de nez à l'auditeur qui ne s'imaginait pas se retrouver dans un moment musical aussi soyeux. La plage qui lui fait suite, Memories Of Love, peut s'apparenter à un avant-goût de ce qui nous attend pour le final de l'album, tout au moins en terme de durée. Longue de plus dix minutes la chanson voit se combiner la voix du chanteur à un clavier minimaliste. Step Into The Grey vient clôturer ces vingt-deux minutes d'entame. Posé et lent, le rythme de la chanson finit par s'emballer au bout de quatre minutes pour atteindre une posture très cinématographique, pendant environ deux minutes, avant de reprendre un mouvement proche de sa phase initiale.

Mais, bien entendu, le point central du disque, c'est cette fresque musicale Music For A Year In Small Paintings. Comme tout droit sorti d'un film, cette envolée entièrement instrumentale nous entraine tout droit dans un rêve inspiré des peintures de Suzanne Osborne, l'épouse de Stuart Staples. Si celle-ci avait illustré des pochettes des Tindersticks telles que Waiting For The Moon ou Falling Down A Mountain, voire posé enceinte pour Can Our Love, jamais Stuart Staples ne s'était autant imprégné du travail de son épouse pour composer. Entrecoupés de silences, les pièces musicales sont directement connectées aux ciels qu'a peint pendant un an sa femme dans une série intitulée Skies. Pour ce disque forcément beau et envoutant, on regrettera cependant l'absence d'un DVD pour observer ces travaux de peinture à l'écoute de cette longue composition.

Stuart Staples signe donc un troisième disque solo passionné et atypique. Si celui-ci n'occupera pas aussi souvent nos platines disques qu'un album des Tindertsicks, Arrhythmia trouvera assurément une place de choix dans la discothèque du fan du groupe.