Pumarosa

L'étape du deuxième album est franchie pour les londoniens de Pumarosa. Trois ans après le remarquable The Witch, une tournée et quelques dates avec Depeche Mode, la formation agrandit sa discographie avec un nouveau travail de studio minutieux. Devastation est une suite onze chansons où le groupe se réinvente à l'aide de beats complexes et de synthétiseurs analogiques. Isabel Munoz-Newsome se confie sur sa lutte avec un cancer, et sur ses impressions d'être transformée ; c'est l'idée qui est développée dans le disque avec comme background des tons psychédéliques osés.

Dès les premières notes de Fall Apart, Pumarosa nous plongent dans un univers singulier avec un breakbeat saturé et une atmosphère sombre digne des œuvres de Tricky ou Björk. Mais de suite, un refrain rassurant vient équilibrer la précédente partie avec un message d'espoir sublimé par une production maitrisée. En effet, l'électronique a une part importante dans ce deuxième jet. Le groupe adopte un tempo house pour la séquence Lose Control ainsi que pour celle du galvanisant Heaven, avant de s'en défaire totalement avec le vaporeux et hypnotique Factory. Cependant entre ces plages, I See You et I Can Change retardent le fil conducteur avec des mélodies pourtant plus évidentes.

De façon générale, Pumarosa retiennent l'attention en emmenant l'auditeur là où il ne s'y attend pas. Par exemple, un superbe paysage froid de huit minutes est illustré dans I Am Lost, et pousse à l'imagination grâce aux envolées d'une voix surpuissante et de ses échos. On ajoute volontiers l'intimiste et torturé Adam's Song parmi les réussites du disque pour son mythisme qui n'est pas sans rappeler Low de David Bowie. On le confirme, les musiciens ont changé de formule : ils n'hésitent pas à étendre les structures avec le riff crasseux de Into The Woods, tout en gardant leur énergie abrasive si l'on en croit le final. S'en suit Devastation, une note joyeuse où le saxophone sort de sa cachette au milieu d'une folie rythmique drum'n'bass et d'arrangements de cordes. De quoi être saisi, et l'on aimerait même que cela dure plus longtemps dans ce cas.

Pumarosa tendent une fois de plus à éclater les genres, et plus particulièrement celui de l'électronique. Devastation promet un voyage particulier qui enchaîne les moments de tension. Du silence nocturne aux roulements volcaniques, la direction musicale choisie par Pumarosa est immédiate et sans compromis.