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Pumarosa
Elf Kid

Paris, Boule Noire - 20 novembre 2016

Live-report par Olivier Kalousdian

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Particularité de cette soirée, les Eurockéennes se sont vues invitées par Les Inrocks – en retour de politesse (les Eurockéennes avaient invité Les Inrocks à programmer une soirée lors de leur dernière édition) – à établir la programmation musicale de cette dernière salve parisienne du festival, dimanche 20 novembre à la Boule Noire.

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Inconnu ou presque du public français, mais pas des Anglais qui l'ont déjà bombardé maître du Grime en son royaume, Elf Kid n'est pas présent sur la scène quand 20h résonne. Sans la présence de ses deux comparses, le DJ seul sur scène à fort à faire pour faire patienter un public encore très peu nombreux à la Boule Noire. L'inquiétude se lit sur les visages : « Le directeur des programmes des Eurockéennes aurait-il programmé un DJ set comme premier concert ? ».
Avec vingt minutes de retard, Elf Kid et son complice Novelist (avec lequel il forme le collectif Square Crew) pénètrent sur la scène avec la fougue d'un duo de catch mexicain. Il convient de faire oublier leur retard, avec panache et humour. Avec une assurance maîtrisée et un flow incisif pour son âge (vingt ans), Elf Kid mène la dragée haute à ses cousins US sur des titres comme Golden Boy (imaginez un Mike Skinner sous amphétamines) ou Gosh (Jamie XX). Vainement, ils vont tenter d'entraîner le public avec eux sur des déclamations en hommage à Paris, mais il est foncièrement trop tôt et l'audience trop clairsemée pour ambiancer la salle aux sons des frères Grime.

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Lewis Del Mar remporte la palme du nom de groupe le plus attrayant de cette soirée. Et, peut-être bien là le seul suffrage qu'il remportera. Danny Miller et Max Harwood, le duo new yorkais indie-folk (un de plus) ont des airs de Simon & Garfunkel latinos, débarqués au port de Mariel, un jour de 1980... Les parents de Lewis se sont rencontrés à Puerto Cabezas (Nicaragua) et c'est pour retrouver ses racines qu'il entreprit un voyage initiatique dans ce pays dont il revint avec le titre éponyme, Puerto Cabezas. Sorte de ballade blues latinos comme si Johnny Cash était né au San Salvador et non à... Avec un potentiel mélodique indéniable, les titres de Lewis Del Mar naviguent entre les grands espaces d'Amérique centrale et la jungle urbaine de la grosse pomme.

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Avec un style musical auto-proclamé, « industriel et spirituel », les Pumarosa s'exhibent depuis quelques mois sur les scène d'Angleterre. Notamment en première partie des Glass Animals avec qui ils viennent de tourner. La sensuelle Isabel Munoz-Newsome, égérie contorsionniste guitariste de Pumarosa, est un monstre d'énergie sur scène. Elle danse et se meut comme peu d'autres chanteuses et même si elle semble surjouer de ses charmes, elle ne feint rien. La danse, c'est ce qu'elle aurait pu faire si elle en avait eu le talent, comme sa propre sœur. C'est donc du coté du rock que cette londonienne va s'engager. Et avec beaucoup de talent.
S'en tenir à quelques références, aussi prestigieuses soient-elles, serait faire preuve d'une légèreté et d'un ennui à peu près similaire à celui que viennent de fracasser les Pumarosa. Pourtant, certains titres comme Cecile lui ont parfois valu un rapprochement avec PJ Harvey (rythmique militaire et sonorités froides). Quant au titre Priestess et sa basse lourde répondant à des vocalises plus graves, c'est du coté de Patti Smith qu'ils renvoient les plus âgés d'entre nous. Guitares vaporeuses, groove blanc et danses incantatoires réveillent enfin le public de la Boule Noire dont une partie n'a pu résister à l'attraction du groupe Cassius qui joue dans la salle d'à coté.

Un dimanche à Paris...