Harkin

Les débuts en 2005 avec Sky Larkin, les tournées avec Wild Beats ou plus récemment en accompagnant Kurt Vile ou Courtney Barnett, cela fait maintenant quinze ans que Katie Larkin trimballe sa guitare dans le milieu indie rock Britannique. Quinze ans nécessaires à l'artiste originaire de Leeds pour se lancer dans un projet solo, matérialisé aujourd'hui avec la sortie de l'album qui nous intéresse.

Harkin nous permet donc de retrouver la voix de Katie et sa guitare nerveuse. N'attendez pourtant pas une pale copie, ou quelque chose qui pourrait s'apparenter à un nouvel album de Sky Larkin. Pour ce premier effort en solo, Katie Harkin a voulu une matière plus brute et moins sophistiquée que celle des débuts. Les oripeaux pop et sautillants de The Golden Spike ou les ersatz noisy de Motto restent toujours pourtant en filigrane sur ce premier album, tel un fil conducteur.

Katie Harkin se dirige aujourd'hui vers l'épuré et l'essentiel de ce que peut donner une formation guitare, basse, batterie, à l'image du premier morceau Mist On Glass. Si l'ensemble est effectivement moins chargé que sur les productions de Sky Larkin, les mélodies restent accrocheuses et efficaces à l'image de ce Bristling, ou de Up To Speed. Même quand le tempo ralentit sur Dial It In, Katie Harkin parvient à conserver l'attention par son sens de la mélodie efficace et entêtante.

Decades, véritable point fort de l'album, bénéficie de l'apport d'un clavier qui donne du relief et bonifie le tout sans le surcharger. Nothing The Night Can't Change, autre très bon titre de l'album, est fait de cette même sève, la guitare claire et tranchante laisse apparaître une artiste que l'on sait inspirée dans le domaine de l'indie pop nerveuse.
Red Virginia Creeper semble être un intermède, une respiration tant ce morceau d'ambiance tranche avec le reste. Il crée une véritable césure avec la suite. En effet, Sun Stay With Me et ses sonorités beaucoup plus rock ne sont pas désagréables, mais nous embarquent dans une direction un peu sans rapport avec les premiers titres.
C'est d'autant plus malheureux que la suite conforte cette impression. Les deux balades de clôture ne sont pas en mesure de nous remettre sur le chemin plutôt engageant des premiers morceaux. L'ennuyant New France, et le faussement profond Charm And Tedium nous laissent un peu perdus et perplexes au final.

C'est ce sentiment de confusion que l'on retient malheureusement. Comme si Katie Harkin avait voulu regrouper toutes ses idées dans un même album, au détriment de l'homogénéité. Ainsi, Harkin semble coupé en deux parties sans rapport, avec des compositions emballantes et directe au début, puis une espèce de fourre-tout lent et mélancolique sur la fin.

C'est un peu dommage car l'ensemble est en total déséquilibre. On se dit qu'un EP aurait pu éviter ce désagrément et permis de mettre en avant les quelques très bonnes compositions de l'album.