Anna Vincent

Après deux décennies à la tête de groupes indépendants ou en tant que musicienne live (Happyness, Heavy Heart...), Anna Vincent a décidé de se lancer en solo ! Confinée à Londres en pleine pandémie mondiale, elle s'est retrouvée avec du temps libre et s'est mise à transformer la « poésie en vrac » qu'elle avait écrite en 2019 dans les chansons qui deviendraient son premier album. Elle nous livre ainsi en 2021 son premier disque Under The Glass sorti sur le label Ultimate Blends - dirigé par son compagnon à la ville comme à la scène Max Bloom de Yuck.

Ce même Max Bloom semble être omniprésent sur le disque de sa chère et tendre puisqu'il est le photographe de la pochette, producteur et musicien du disque en plus d'être la source d'inspiration de la plupart des chansons. Inspiré (musicalement) du folk et du folk-rock de la fin des années 60 et du début des années 70 - Joni Mitchell, Jackson Browne, Crosby, Stills, Nash and Young - aux côtés de Wilco, Elliott Smith et Teenage Fanclub, cet album est une collection de chansons délicates et intimes.

L'album débute sur le premier titre écrit pour ce projet, Naxos, souvenir d'un voyage en dans les îles grecques avec son petit-ami (encore lui) au début de leur relation. Anna Vincent a saisi le suc de cette nostalgie pour le mélanger à la mythologie du lieu. Une belle entrée en matière qui résume les thèmes qui vont courir tout au long de l'album dont le principal est : l'amour. Il y a une innocence incontestable dans des balades comme Seeing Double tant les paroles sont claires et limpides. Ce sont des chansons écrites par pur amour et c'est exactement pourquoi elles sont si faciles à apprécier.

Si ce thème peut en rebuter plus d'un, ne voyez pas dans les chansons d'Anna Vincent un flot de bons sentiments. Bien au contraire ! Nothing Wrong est une réflexion sur la difficulté de profiter des bons moments sans s'inquiéter des potentiels coups durs à venir. En plus d'une exploration lyrique, Anna Vincent a également tenté de refléter ses sentiments dans la musique, la répétition métronomique de la ligne de guitare s'efforçant de « refléter ces pensées répétitives ». Autre exemple, le chef d'œuvre de l'album Thin Skin fait aussi figure d'excuses à son petit ami pour la façon dont ses insécurités ont tendance à se manifester. La chanteuse se délecte de sa propre vulnérabilité, avec un refrain provocateur qui déclare fièrement : « Je ne suis qu'un gâchis, et je l'ai toujours été ». Encore une fois, le refrain rock et les paroles débités vont de pair ce qui pousse à penser que la réflexion globale a été poussée.


Pendant Love You Twice, elle applique la même tendresse à son amant, promettant de fournir plus qu'assez d'amour pour neutraliser son dégoût de soi. Tout au long de ce disque, il y a une honnêteté émotionnelle en jeu qui semble - encore beaucoup trop rare dans la musique actuelle - et qui est doublement rafraîchissante lorsque vous réalisez à quel point ces révélations ont été durement gagnées. De son propre aveu, la musicienne a toujours lutté contre le doute de soi. Pourtant, il n'y a pas de tristesse pour autant dans ses chansons. Tout est fait pour accompagner l'auditeur dans une bulle de positivé tout au long du disque. S'il y a des moments difficiles, Anna Vincent ne les laisse jamais prendre le dessus. Exhalant une grâce majestueuse envoûtante aux côtés de l'émotion émouvante et sincère de la voix pétillante d'Anna, chaque morceau offre un paysage sonore vraiment heureux et captivant.


«Maintenant, j'ai l'impression d'avoir bouclé la boucle ; je suis revenu à être cet enfant de 14 ans qui voulait juste être dans ma chambre tout le temps à écrire des chansons, pas pour d'autres raisons que la joie de le faire. Parce qu'en fin de compte, ce sont les disques que j'ai faits dont je suis le plus fier de ma vie ». Et elle a raison d'être fière. Si Under The Glass prouve quelque chose, c'est que - pour la première fois de sa vie - la confiance en soi d'Anna est enfin en phase avec ses vastes capacités.