GRAVE GOODS

GRAVE GOODS vivent sur un fil tendu entre punk et post-punk. Les guitares acérées, la batterie métronomique et la fascination pour Jean-Paul Sartre appartiennent aux deux genres. La rudesse des riffs de guitare et la voix enragée penchent plutôt vers le punk, mais la construction élaborée des chansons est plus courante dans le post-punk dans une formule assez proche de celle d'IDLES. « I don't care » répète la chanteuse à l'envie sur Source, et il est vrai que l'étiquette importe peu.

Cet album est une série de coups de poings à la violence fascinante. TUESDAY. NOTHING EXISTS est très intense et s'écoute à fond. Très court (sept morceaux pour vingt-trois minutes), il nécessite plusieurs écoutes pour comprendre ce qu'il s'y passe. En créant deux pôles d'attraction simultanés, le groupe réussit à rendre intéressant un style déjà bien rodé. D'une part les instrumentaux avec le trio guitare, basse, batterie se provoquent et les instruments se répondent comme s'ils se préparaient à la guerre, et de l'autre la voix porte naturellement le discours.


Trio explosé, vivant dans trois villes différentes, il peut puiser sa richesse dans l'expérience des précédents groupes de ses membres (PINS pour la chanteuse et guitariste, les très regrettés Girls Names et September Girls), l'héritage rock de Manchester, ou la bouillonnante scène de Dublin. Il va aussi puiser dans la littérature nihiliste, et revendique une fascination pour Jean-Paul Sartre, dont il distribue une page de La Nausée avec chaque exemplaire de l'édition limitée de l'album. Avec des titres sobrement intitulés None, ou l'excellent Die, le ton est donné.

La pochette rose pétard est un joli moyen d'éviter les clichés et de rendre justice à l'énergie qu'ils mettent dans leur musique. Nihilistes, ils le sont cependant jusque dans les crédits, ne remerciant qu'une personne, Geoff Barrow de Portishead et Beak> avec qui ils ont tourné et chez qui ils ont enregistré. Une belle référence.