logo SOV

Nyx Nótt

Themes From

Nyx Nótt - Themes From
Chronique Album
Date de sortie : 02.12.2022
Label : Melodic Records
35
Rédigé par Adonis Didier, le 1er décembre 2022
Bookmark and Share
Cinématographe. Ah non pardon, on l'a déjà faite cette intro. Dans ce cas, si vous cherchez de plus amples informations sur la place du son et de la musique dans l'histoire du cinéma, vous pouvez vous référer à la chronique, disponible sur ce même site, de l'album A Soundtrack To An Imaginary Movie, par l'anglais Steve Cradock, parue en juin de cette belle année 2022. Mais pourquoi donc s'auto-citer sans imagination dès la première phrase ? La flemme pour une des dernières chroniques d'album de l'année ? Pas tout à fait, car à artistes différents, démarches similaires, et c'est encore une fois le lien étroit entre musique et cinéma au sens large que nous allons étudier ici.

Ainsi, là où Steve Cradock avait dans l'idée de créer la bande-son d'un film qui n'existera jamais, et que l'album ne parvenait malheureusement pas à nous inspirer, Nyx Nótt décide, lui, de faire plus « simplement » dans l'exercice de style. Huit exercices de style pour être précis. Huit instrumentaux, huit genres cinématographiques plus ou moins connus, plus ou moins recommandés et recommandables, avec à chaque fois l'envie de nous faire vivre le genre, quitte à nous le faire deviner, s'il n'était pas écrit sur la pochette en guise de titre de chanson.
On sort donc d'entrée les violons et les envolées lyriques de Docudrama pour suivre en caméra épaule les dernières heures d'un président des États-Unis décapoté, l'épopée humaine avec un grand H de l'équipage de la mission Apollo 13, ou encore le destin semé d'embuches d'Erin Brockovich, magnifiquement interprétée par Julia Roberts. Petit moment honnêteté, j'avais dans l'idée le même genre de descriptions chatoyantes pour le second titre, Porno, mais une intervention de l'équipe de rédaction ainsi que les conseils de mon avocat m'en ont, je le reconnais, très justement dissuadé. Je n'évoquerai donc que cette atmosphère moite et suave, une basse qui coule, roule, ce saxo sexy évidemment de rigueur, et une sirène qui éclaire en fond la nuit de rouge, comme aux plus belles heures des rues de Pigalle.

L'album se poursuit avec six autres titres que je ne vais pas trop vous décrire, car ça m'embêterait de vous gâcher la surprise, pas de spoiler, mais les titres étant écrits au dos de la jaquette, vous ne m'en voudrez pas trop de vous conseiller en cinéma, parce que c'est bien le cœur de métier chez Sound of Violence :

Thriller : pour du frisson policier, allez voir Seven, Le Silence des Agneaux, ou encore Zodiac, parce que oui on aime vraiment beaucoup David Fincher ici.

Caper : en film de casse, Ocean's Eleven ça fait le boulot, L'Arnaque reste un classique, Reservoir Dogs tord brillamment le genre, mais le préféré c'est Snatch, parce que oui on aime aussi beaucoup Guy Ritchie.

Swashbuckler : un genre aventurier, romantique, au héros mousquetaire, moustachu, et charismatique. Alors sautez sur la trilogie Pirates des Caraïbes (comment ça, y en a encore après ?), ou sur Zorro, parce qu'on rêve tous de sauter sur Zorro. Les plus anciens se souviendront même avec émotion de Cartouche ou de Gérard Depardieu en Cyrano.

Hardboiled : film noir, des détectives en imperméables qui boivent du bourbon et des jeunes femmes pulpeuses embarquées malgré elles dans de meurtrières manigances. Au choix, Alphaville, Chinatown, Twin Peaks si vous aimez les séries télé et les sapins, Sin City ou Old Boy en chefs-d'œuvre plus récents et revisités. Et on va même citer Qui veut la peau de Roger Rabbit, parce que la compétence ne commence que là où s'arrête la décence.

Tearjerker : Alors oui, vous allez tout de suite penser à Titanic, La Ligne Verte, ou Bridget Jones (oui, Bridget Jones, et alors !?), mais la véritable merveille qui va vous tirer des larmes est sortie en 2021, et s'appelle Julie (en 12 chapitres). Ah, et c'est norvégien !

Actioner : cette fois, c'est parti, vous connaissez sans aucun doute mieux que moi la filmographie de Scharwzy, Stallone, et du reste du casting des Expendables. Mais si on devait choisir, on s'arrêterait sans doute sur Terminator 2, Die Hard, et Mad Max : Fury Road. Et un Van Damme. N'importe lequel, vous savez bien qu'on n'est pas là pour le scénario !

Voilà, je viens de vous citer tout un tas de films aux bandes originales plus mythiques les unes que les autres, et qu'évidemment cet album n'arrivera jamais à égaler en cinq minutes par genre. Et quelque part, ce n'est pas le but pour Aidan Moffat, a.k.a Nyx Nótt, collage du nom grec et nordique de la divinité de la nuit servant d'alter-ego à la moitié vocale du duo Arab Strap, l'homme se définissant souvent lui-même comme un oiseau de nuit, à la créativité décuplée par la lumière de la lune.
Non, le but était en effet tout autre. Celui de retirer de chacun de ces genres la substantifique moelle, l'ADN, et de l'exprimer sur bande pour démontrer, encore une fois, que la musique est presque aussi importante à l'art cinématographique que la caméra elle-même, car elle affirme son identité et sublime son imagerie mieux que quiconque.

Nyx Nótt nous offre donc ici un joli cadeau pour le mois de décembre, qui même s'il ne sera pas l'album de l'année, dessine un essai composé autant pour parler de cinéma que de musique, rappelant que l'image et le son sont un couple fusionnel d'un art indubitablement multi-dimensionnel.
tracklisting
    01. Docudrama
  • 02. Porno
  • 03. Thriller
  • 04. Caper
  • 05. Swashbuckler
  • 06. Hardboiled
  • 07. Tearjerker
  • 08. Actioner
titres conseillés
    Thriller, Docudrama, Caper
notes des lecteurs