Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs

Certains styles musicaux sont imparablement associés à une nation, voire une région. Il semblerait totalement aberrant d'envisager un groupe américain sonner comme The Cure sans passer pour de parfaits imposteurs. Même chose, dans le sens inverse, est-il vraiment possible d'imaginer un équivalent anglais à Sonic Youth, ou aux Melvins. Parfois cette vue de l'esprit peut être mise à mal. Dans le cas de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs, difficile de ne pas penser à un mélange entre stoner, sludge, et doom américain. L'écoute de leur musique physique et lourde aura tendance à évoquer tour à tour différentes formations comme Monster Magnet, ou Mastodon.

Pourtant, dans ce troisième album nommé Land Of Sleeper, nos cinq anglais vont s'efforcer de présenter quelque chose de différent par rapport à l'énorme Viscerals, sorti trois ans plus tôt. Certes, on retrouve sans difficulté les ingrédients qui nourrissent les titres enflammés du groupe depuis ses débuts. Guitares lourdes et saturées au possible, tempo pachydermique et ambiance noire malgré une propension assez marquée pour le second degré.
L'écoute de The Weatherman et son enveloppe shamanique ne trompera pas les fans, on est sur le même chemin sinueux que sur Viscerals. Sur Ball Lightning, l'ambiance se fait plus noire que jamais et la guitare est étouffante et assourdissante. Elle vous martèle la tête comme un marteau-piqueur.

Certaines choses sont néanmoins changées. Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs semblent avoir accéléré le temps et leurs compositions, à l'image du survitaminé Mr Medicine, ou sur le rageux Atlas Stone. Si les riffs sont toujours aussi ravageurs, c'est surtout la présence de titres plus groovy qui dénote, comme sur cet incroyable Big Rig. Pour autant, les morceaux sont aussi peut-être plus accrocheurs comme sur Pipe Down!.
Il n'est pas possible de dire que Pigs Pigs Pigs Pig Pigs Pigs Pigs aient cédé à un quelconque compromis. Le groupe garde sa ligne directrice et ne lâche rien. Pourtant, ce Land Of Sleeper est certainement moins brillant que Viscerals, à tel point qu'il vous sera compliqué de trouver des morceaux aussi fort que Reducer.

Ne boudez pas votre plaisir, Land Of Sleeper a de quoi vous emporter pour de bon. Il faut absolument s'imprégner de Ultimate Hammer, premier titre de l'album pour appréhender toute la puissance de ce groupe. Lourd, groovy, rageux et bourré d'humour noir. Voilà une formule qui fonctionne.