Adam Nutter

Connu exclusivement pour son rôle de guitariste au sein de The Music, Adam Nutter aura attendu plus de deux décennies avant d'oser le grand saut et annoncer il y a quelques mois ses premiers pas en solo, marqués par la sortie de son premier album, Badlands On Fire, en ce mois d'avril. Un disque tranchant fondamentalement avec les propositions de sa formation de toujours, mais ne manquant ni d'intérêt ni de personnalité.

Lancé en grande pompe en novembre dernier par un premier titre, Dreamtwister, le disque se veut exclusivement instrumental, constitué de huit compositions dépassant toutes ou presque les cinq minutes de durée. Un format se traduisant par des chansons évidemment expérimentales, mais aussi et surtout éthérées, aériennes et indéniablement cinématographiques, sans jamais tomber dans l'exercice parfois ennuyeux de la bande originale. Si l'ensemble du disque est ainsi d'une grande cohérence, voire parfois d'une certaine redondance dans une seconde moitié parfois trop homogène, il est malgré tout magnifié par la production de James Chapman alias Maps dont l'omniprésence se ressent du début à la fin de l'écoute.

Basées sur de délicats arpèges de guitare que ne renieraient assurément pas bon nombre de formations post-rock passées et actuelles, les chansons sont enrichies par l'usage discret et homéopathique de sonorités électroniques ou claviers, ainsi que de percussions prenant la forme tantôt de la batterie tantôt d'une boîte à rythmes. Judicieusement choisi en guise de premier extrait, Dreamtwister est en ce sens une brillante réussite permettant de lancer l'écoute de la meilleure des manières avant que l'ensemble du disque ne se déroule par la suite avec fluidité tout en manquant parfois de temps forts ou de variations. On apportera ainsi en ce sens une attention toute particulière à Endless Summer, plus rythmé, ou un Sky Fires évoquant les grands espaces.

S'il s'essouffle durant ses derniers titres, la faute à un manque certain de diversité, Badlands On Fire n'en reste pas moins un exercice de style parfaitement exécuté et maîtrisé, et même ponctuellement brillant à l'image de Dreamtwister. De quoi regretter que le musicien n'ait pas osé bien plus tôt s'affranchir de The Music pour nous présenter ses travaux personnels.