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Humour

Learning Greek

Humour - Learning Greek
Chronique Album
Date de sortie : 08.08.2025
Label : So Young Records
4
Rédigé par Jean-Christophe Gé, le 4 août 2025
Il faut à peine cinq secondes au premier album de Humour pour vous en mettre plein la gueule. Son titre d'ouverture est un mélange de post-punk énervé avec une batterie qui cogne et une guitare rythmique saturée, et d'un post-punk écorché avec une voix étranglée qui cherche un peu d'air pour finir sa diatribe sur une guitare tranchante. Comme Lucio Fontana qui faisait des croquis précis, mais dont les œuvres étaient souvent juste un coup de rasoir sur une toile, Humour sont capables de mélodies polies mais se font remarquer par des coups de rasoirs dans les tympans.

Comme un diablotin qui sort de sa boîte, le quintet de Glasgow est sorti du confinement avec un premier EP tout en tension avec des mélodies qui viennent des tripes et des paroles qui viennent du cœur. Leur label est adossé au fanzine So Young, une bonne position pour repérer les groupes qui vont développé une esthétique qui dépasse les canons d'un genre (Man/Woman/Chainsaw, Folly Group, Nightbus, VLURE...).


Leur second EP était mieux produit, plus réfléchi, mais il lui manquait la fougue des débuts alors qu'il enfilait les extraits comme autant d'ébauches d'un groupe qui se cherche. Au fil des concerts, Humour nous ont entrainé dans leur délire, se jetant corps et âme dans une déferlante électrique comme si leur vie et leur santé mentale en dépendait.

Avec Learning Greek, le groupe réussit un album à l'ancienne qui fonctionne bien mieux comme un tout que comme une succession de singles. Comme leur précédent EP, il a été produit par Rod Jones, le guitariste d'Idlewild, dans son studio d'Edinburgh. En guise de voyage en Grèce, nous restons donc en Ecosse. De prime abord les chansons se ressemblent toutes un peu et c'est sur l'ensemble que les nuances se révèlent. Avec un rythme effréné de onze titres en trente petites minutes, c'est à peine le temps qu'il faut pour comprendre ce qui nous arrive. On sent le groupe fan de gros rock, peut-être même de harcore californien, avec une touche pop britannique qui leur permet de rester du côté arty de la force brute (Memorial).


Sous des airs de bourrins qui savent écrire une mélodie, Humour soufflent le chaud et le froid, avec des ambiances qui peuvent être aussi bien angoissantes que entraînantes. Mais c'est peut être la noirceur et ce sentiment de claustrophobie amplifié par la voix caractéristique d'Andreas Christodoulidis qui donne des teintes de film d'horreur à une musique moins inoffensive qu'elle n'en a l'air, surtout avec cette guitare à l'effet lancinant comme une dent qui vous fait souffrir (Aphid).

Quand les masques tombent et que le rideau se déchire, on apprend qu'il ne faut pourtant pas toujours aller chercher très loin le sens des chansons. Le chanteur a vraiment appris le grec, la langue de son père avec qui il parle musique, poésie et littérature : derrière un album un peu bourrin, il n'y a pas qu'une grosse caisse qui bat. A l'heure du saucissonnage des morceaux pour les plateformes, cet album s'écoute de bout en bout, et comme les vieux classiques, en trente minutes c'est plié.

Humour ont développé leur marque et signent un très bon premier album, le futur nous dira comment ils feront évoluer leur musique...
tracklisting
    01. Neighbours
  • 02. Memorial
  • 03. Plagiarist
  • 04. Learning Greek
  • 05. Dirty Bread
  • 06. Die Rich
  • 07. I Knew We Would Talk
  • 08. Aphid
  • 09. I Only Have Eyes
  • 10. In The Paddies
  • 11. It Happened In The Sun
titres conseillés
    Memorial - Dirty Bread - Die Rich
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