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Das Koolies - DK.01
Chronique Album
Date de sortie : 22.09.2023
Label : Strangetown Records
3
Rédigé par Fabrice Droual, le 18 septembre 2023
DK.01 n'est pas le nom d'un nouveau virus, à forme cisaillée, découvert dans une contrée lointaine qui viendrait distendre nos relations sociales. C'est le nom du premier album du groupe mystérieux Das Koolies. Issu du voyage temporel de quatre des cinq musiciens des Super Furry Animals, celui-ci sort chez Strangetown Records et a pour objectif de nous faire danser.

Il faut l'appréhender comme un big bang musical émergeant du refuge post-industriel des docks de Cardiff où nous avions laissé le groupe écossais en cryogénisation depuis 2016. Probablement décongelé par le réchauffement climatique actuel, c'est sans leur ancien leader que nous retrouvons Huw Bunford (guitariste), Guto Pryce (bassiste) Cian Ciarán (claviériste, pianiste, et programmeur électronique) et Dafydd Ieuan (batteur), aux commandes du vaisseau spatial Das Koolies. L'envie pour les quatre survivants était de ressusciter une musique électronique expérimentale laissée en carton dans les années 2000, en pleine vague électro-rave.

Rien d'étonnant alors que l'album DK.01 débute avec le morceau techno house Best Mind Fuck Yet. On plonge directement dans le monde des « Barakis » où le tuning et les tracks électro sont rois. Un son qu'apprécierait forcément le Didier Berthet déglingué de la série TV belge du même nom.
Oui, mais tout le monde ne s'appelle pas Didier ! Et cette déconcertante entrée en matière pourrait dissuader plus d'un auditeur de poursuivre le voyage. Un mélange de genres, entre bits électro façon rave illégale en campagne galloise, et la voix grave de l'acteur et chanteur Rhys Ifans, à qui il ne manque que le rire machiavélique du Thriller de Michael Jackson. Un vrai parcours du combattant pour guitariste aux cheveux longs.

Allez, je m'accroche ! Et c'est en m'intéressant à la création visuelle de l'artiste Edwin Burdis alias Dah Dit Dit, qui accompagne ce titre, que j'accepte de passer le cap de cette expérience immersive de cinq minutes. L'univers visuel se décline en images hypnotiques, nocturnes, où furtivement apparaît un homme sur le rivage d'un nouveau monde. Suffisamment mystérieux pour poursuivre ce curieux voyage. Le titre suivant, Out Of This World est déjà plus dansant. Là encore, le vidéo clip qui l'accompagne fait référence à la boule à facettes et au big bang. On assiste à la naissance d'une étoile « musicale » sur fond d'images rétro futuristes. Un morceau qui ferait merveille en bande son sur le jeu vidéo Forza Horizon, à condition de ne pas lâcher le volant de la célèbre console à force de mouliner du poignet.

L'univers techno industriel est le terrain de jeu du troisième morceau, Nuthin Sandwich. Celui-ci resuscite un son urbain façon Front 242 ou KMFDM, avec inclusion des enregistrements de frappes percussives sur structures métalliques de la ville de Cardiff. De fait, il dépoussière efficacement le genre et on se laisse facilement porter par les voix puissantes revenues d'une période 80's bénie où la Mode était Depeche.
La couture techno palpitante migre progressivement vers des refrains pop accrocheurs, pour notre plus grand plaisir. Le morceau plus lent Collide fait ressurgir guitares et synthé. Il aurait pu prétendre aux charts US de la fin des années 70 et rivaliser avec un classique des Sparks. C'est peut-être à la première place du classement 2023 que nous retrouverons nos quatre garçons avec le morceau finalement viral et terriblement rassembleur sur le dancefloor, Pain down The Drain. La ligne de basse, inspirée d'un classique du compositeur Henry Purcell, fait mouche et cette rythmique est terriblement addictive.

Oui mais voilà, passé ce sommet, on ne peut que redescendre et le trip ne sera pas aussi jouissif. Il aurait fallu s'arrêter là, à mi-parcours de cet album, qui compte tout de même dix-sept morceaux. La lassitude s'installe et la curiosité fait place à l'ennui. La relation machine-homme trouve ses limites. La liberté du groupe à faire ce dont il a envie semble dès lors justifiée par le besoin d'enchaîner suffisamment de titres pour pouvoir proposer la setlist d'un prochain concert. La succession de morceaux trop longs (Montezuma) ou déjà entendus (Holy Shit et son faux air Gorillaz-ien dopé à l'auto-tune MGMT n'apporte plus grand chose. La meilleure « baise mentale à ce jour » était ainsi le premier titre de Das Koolies, et Sorry Not Sorry clot cet album de façon moins prometteuse et nous conduit à entendre les excuses d'un groupe ambitieux sur notre faculté à écouter l'ensemble sur sa longueur.

Péché d'orgueil ou excès créatif, DK.01 aurait dû sortir en double CD : une excellente face A que je vous recommande d'écouter urgemment, et son complément moins indispensable en face B.
tracklisting
    01. Best Mindfuck Yet
  • 02. Out Of This World
  • 03. Nuthin Sandwich 0
  • 04. Shakedown
  • 05. A Ride
  • 06. Collide
  • 07. Katal
  • 08. Pain Down The Drain
  • 09. Montezuma
  • 10. Holy Shit
  • 11. Masters Of Mankind
  • 12. Collide (Reprise)
  • 13. Alligator
  • 14. Police Next Door
  • 15. Sorry Not Sorry
  • 16. Wired For Sound
  • 17. Best Mindfuck Yet (Reprise)
titres conseillés
    Pain Down The Drain - Nuthin Sandwich - Katal
notes des lecteurs