DOG UNIT

Vous avez tous certainement en tête des albums qui vous transportent à un point tel qu'ils sont des voyages, des traversées de paysage, des horizons qui vous font partir d'un point pour arriver à un autre, sans que vous ne ressentiez la moindre flottaison, la moindre cassure. Ce n'est pas sans une arrière-pensée que le propos pourrait pour faire songer au groupe Mogwai. Pourtant, le parallèle avec At Home, premier album de DOG UNIT, est susceptible d'en chagriner plus d'un tant les deux groupes offrent des perspectives différentes.

En effet, comparer les deux formations au seul prétexte que leurs compositions sont uniquement (ou presque) instrumentales paraît un tantinet maladroit. Le post-rock de DOG UNIT est plus clair, moins bouillonnant, moins magmatique que la musique des écossais. Certes, les deux ont une propension forte à vous entraîner dans une balade où la musique sera votre seul guide pour vous aider à élaborer les images qui composeront le film de ce voyage.

C'est totalement le cas sur At Home, album très riche qui confirme l'énorme talent créatif et technique aperçu sur les deux premiers EPs du groupe. Le propos exigera cependant de l'auditeur la volonté farouche de ne pas se laisser envahir par une apparente lassitude. Pour exemple, We Can Still Win This se mérite, et ne se laisse pas appréhender si facilement. Il faut du temps pour comprendre les tournures alambiquées, parfois à la limite d'un équilibre qui peut sembler précaire.
À certains égards, les structures des morceaux peuvent sembler rébarbatives et vous perdre totalement. Plusieurs écoutes sont donc nécessaires pour apprendre à retrouver son chemin et apprécier ces pérégrinations sonores. La musique de DOG UNIT est extrêmement exigeante même lorsqu'elle vous embarque vers des terrains de prime abord accessibles comme sur le paisible et aérien In A Magic World, Then Yes, ou sur ce Lab Coats et sa petite touche électronique.


Au final, on est trop souvent pris par un sérieux dilemme, qui vous pousse à vous demander si le propos ne gagnerait pas à être simplifié. Le titre John X Kennedy nous apporte un éclairage avisé à ce sujet. Son rock bluesy assez évident aura tôt fait d'agacer celui qui voulait voir les musiciens s'embarquer dans une matière plus brute et dépouillée. Ça ne marche malheureusement pas. Il faut donc attendre la fin de notre périple pour être totalement convaincu que cette sortie bucolique valait vraiment la peine. Ainsi, difficile de ne pas être touché par la délicate The Dogs Are Barking Again, mais surtout par Consistent Effort, morceau absolument remarquable d'intelligence dans sa progression, sa fragilité et la mélancolie qu'elle dégage.

La balade qui nous est proposée sur At Home laisse tout de même un sentiment d'inachevé. Effectivement elle met en exergue l'incontestable qualité de musiciens très sûrs de leur fait et l'extrême richesse de leurs idées. Pourtant leur post-rock peine à toucher à la hauteur de leurs qualités techniques indéniables, et même si l'exigence de leur musique demande du temps, il est parfois difficile d'être totalement convaincu par l'histoire qui nous est ici contée.