Emma Anderson

Voici un exercice de style assez curieux : alors que cela a fait à peine un an qu'Emma Anderson a publié son premier album solo, Pearlies, voici que sort une version remixée de celui-ci, et ce en collaboration avec plusieurs artistes. Pari d'autant plus risqué que Pearlies était une vraie réussite.

Il faut bien avouer que Spiralée : Pearlies Rearranged n'échappe pas aux travers que l'on retrouve quasi systématiquement dans les albums de remixes, à savoir que les versions proposées sont inférieures aux originales et qu'elles semblent ne pouvoir intéresser que les fans hardcore de l'artiste en question. Alors attention, Spiralée : Pearlies Rearranged se situe quand même plutôt dans la moyenne haute de ce type de disque et s'écoute sans déplaisir. Mais, pas folle, Emma Anderson a publié comme premier extrait et placé en ouverture de cet album Willow And Mallow (Daniel Hunt Mix), titre absolument sensationnel, avec un côté Still Corners habité splendide. The Presence (Concretism Mix) tient encore la dragée relativement haute mais, petit à petit, Emma Anderson et ses amis lorgnent progressivement du côté lounge-bobo-branchouille...

Clusters (LoneLady Lost Minds Mix) et For A Moment (Deary Dub Mix) sont plutôt réussies, mais en revanche Xanthe (Witching Time Version) sonne comme une bande originale de film des années 70 qui aurait pris un méchant coup de vieux. Ce qui aurait pu être un interlude sympathique sonne, il faut bien le reconnaître, de façon un brin ringarde. Inter Light (MEMORIALS Mix) reprend la rythmique de Tomorrow Never Knows et on croit entendre Paul McCartney à la basse, ce qui est certes un gage de qualité mais qui se marie de façon peu convaincante avec le reste des arrangements. Typiquement le genre de morceau sur lequel on a le sentiment que les artistes ne savaient pas trop dans quelle direction aller, pour au final accoucher d'un titre ressemblant à du Air pas très inspiré.

Taste The Air (Julia Holter Mix) va voir du côté du jazz dissonant, voire de la musique contemporaine, et là clairement il faut aimer pour accrocher. Tonight Is Mine (Lorelle Meets The Obsolete 84-86 Mix) plonge dans l'electro, Bend The Round (The Orielles Blend The Round Mix) repart sur du lounge avant que l'hypnotisante I Was Miles Away (Masal Spectral Mix) ne constitue une très belle conclusion à ce disque inégal, contenant deux ou trois belles choses, mais auquel on préférera largement l'album original.