Hello Cosmos

Hello Cosmos est un groupe et collectif d'artistes nous venant de Manchester, formé en 2017 et mené par l'auteur-compositeur et bassiste Ben Robinson. Nous retrouvons à l'alto, aux claviers et au chant Angela Chan (Lanterns On The Lake), le guitariste Adrian Ingham et Simon Robinson, batteur et frère de Ben Robinson. Le groupe a par le passé joué aux festivals Bluedot et Kendall Calling, d'ailleurs fondé par Ben Robinson, et déjà gagné une excellente réputation sur scène.

N'ayant bien évidemment pas eu l'occasion de partir en tournée cette année, Hello Cosmos se sont donc concentrés sur l'écriture de leur premier album, avec la participation de plus de vingt collaborateurs. Le collectif veut se débarrasser et débarrasser ceux qui les écouteront de tout artifice et élément parasite qui empêche nos pensées de vagabonder, et cela se voit dès la pochette, volontairement dépouillée, imitant un panneau d'affichage.

L'album s'ouvre avec une ligne de basse bien lourde sur Fuse, bientôt accompagnée d'une batterie lancinante. Des notes de piano viennent cependant alléger la composition. Et, déjà sur ce titre, les paroles reflètent une imagerie qui invite à la rêverie.
Tonight Tonight Tonight Tonight, deuxième titre, démarre fort et comme un titre de Jack White (période Lazaretto). Sur ce morceau, la seule régularité est la ligne de basse et la batterie, accompagnées ici et là d'une guitare qui va et vient comme pour retenir notre attention et nous distraire. Il y a un côté quelque peu chaotique que d'autres morceaux reprendront comme sur Run For President, et The Cosmic Trigger, où l'on retrouve une note de synthé qui se répète et semble imiter une alarme de centrale nucléaire.

A chaque nouvelle écoute de cet album, on peut découvrir et apprécier de nouveaux éléments comme sur Raise The Dawn et ses mélanges de riffs de guitare électrique et de guitare sèche, transportés au second plan par le jeu à l'alto d'Angela Chan, qui ajoute une touche de subtilité à l'ensemble. Impossible également de ne pas parler des messages délivrés par Ben Robinson, qui rappelle ce qui fait de nous des humains et qui nous rend heureux, nous invitant à observer ce qu'il y a autour de nous, plutôt que de regarder passivement nos écrans.
Tout au long de cet album, nous profitons d'un mélange de rock puissant construit autour des deux frères (bassiste et batteur) auxquels sont ajoutés des couches d'instruments. Frequency Fields est probablement une des chansons les plus homogènes de l'album... avant de se terminer dans un tourbillon de bruits électroniques. Step Out Of The Shadows est quant à lui le titre qui présente la structure la plus classique et pop, et permet de reprendre sa respiration au milieu de tout ce joyeux bazar.
Car le groupe enchaîne avec Run For President et ses grosses guitares qui font headbanger. Sur ce titre le chanteur semble s'exprimer devant une assemblée lors d'une manifestation. Ce morceau se rapproche du stoner rock ; s'accélère et finit dans une cacophonie de guitares et d'alto qui s'étire en longueur.

C'est alors au tour de la petite pépite Let Love Be The Island Upon Which We Stand de nous emporter avec son mélange d'influences et son côté épique, qui nous fait entendre une voix féminine assez grave, semblant presque menaçante. Les voix métalliques ou samplées rappellent quant à elles Fatboy Slim, et ce titre se dégage nettement du reste de l'album.
L'avant-dernier est le titre éponyme Dream Harder. La partie instrumentale est tout aussi intéressante et plaisante que les perles de sagesse et slogans lancés par Ben Robinson tout au long du morceau, tels que « When culture is your friend you have no enemies ». Assez troublant et parlant en cette période où le monde de la culture est mis à mal. Renegade Love clôt alors l'album et le chanteur nous enjoint (en criant) de vivre dans le moment présent. C'est un mélange de rock et d'electronica qui se termine progressivement dans des murmures et une ambiance solennelle.

Dream Harder est bel et bien un concept album qui invite l'auditeur à « rêver plus fort » et à reprendre en main le cours de ses pensées et de sa vie. A chaque écoute on peut entendre des instruments, des couches musicales et des textures nouvelles, qu'on ne peut capter dès la première écoute tant il y a d'éléments qui attirent notre attention. Un peu de la même manière que les sollicitations et publicités qui nous inondent et sont dénoncées sur ce disque. Tandis que les paroles nous invitent à nous poser, lâcher nos écrans et toutes les distractions publicitaires qui nous empêchent de nous concentrer sur l'essentiel. Ce premier disque de Hello Cosmos est donc une réussite, et nous fait attendre la suite avec impatience.