Un set très court d’une petite demi-heure puis s’en va. Le temps de se déplacer pour les jeunes français de Lilly Wood and The Prick, un peu lancés par une blogosphère française charmée par les mignonnes chansons folk-rock déjà disponibles. L’exercice du festival s’annoncera plus ardu que dans les salles parisiennes. Peu à l’aise, Lilly Wood et ses Pricks plongent concentrés dans leur univers carton-pâte, néanmoins sans la fougue ni la folie nécessaire pour supporter cette identité DIY qu’ils semblent vouloir nous imposer. Passée la reprise un peu plate mais pas désagréable de L.E.S. Artistes de Santogold, nous nous dirigeons à l’autre bout du site pour se placer à la Grande Scène.
Le passage par la case « déjeuner à 17h30 » nous fera faire un passage par la scène Cascade où se produit le « fameux » Sliimy. Hasard bien fait, l’artiste stéphanois aura la totalité du site pour lui seul pendant une bonne demi-heure, aucun autre groupe ne jouant en même temps sur les deux autres scènes, fait rare dans la programmation de Rock en Seine en plein milieu de l’après-midi. En diluant les divers préjugés à l’égard de Sliimy, ses premières chansons nous réconforteront quelque peu avec nos avis initiaux. Non, ce n’est pas horrible. Oui, c'est mauvais. Oui, c’est follement peu original. Oui, Sliimy fait grincer les dents.
Sans transition, nous écoutons les Eagles Of Death Metal au loin, mais ne nous donne finalement pas tant envie que ça, et nous plaçons plutôt pour assister à la sensation du festival. Pour ceux qui avaient suivis l’affaire, la surprise n’était bien sûr plus de mise, avec la présence sous le pseudonyme des Petits Pois, le superband de Them Crooked Vultures, composé de Josh Homme (Queens Of The Stone Age), Dave Grohl (Foo Fighters, Nirvana), John Paul Jones (Led Zeppelin) et le malheureux méconnu quatrième membre Alain Johannes (Eleven). Secret le plus mal gardé de cet été, Them Crooked Vultures avait de quoi allécher les plus impatients. Malgré tout, le doute avait de quoi subsister suite aux récents supergroupes de rock formés ces dernières années qui finalement n’avait pas de quoi enthousiasmer les foules : Audioslave, Zwan, Velvet Revolver, Dead Weather…
On restera finalement jusqu’au bout de Them Crooked Vultures, quitte à manquer le début de MGMT, auquel on arrivera tout de même pour 4th Dimensional Transition. Très attendus par leur jeune public tout de fluo vêtus, le groupe traînait pourtant une bien peu reluisante réputation en live. Il est vrai que les premiers abords semblent tortueux ; la transposition des ambiances chamaniques et psychédéliques d’Oracular Spectacular ayant parfois tendance à faire saturer un son déjà bien empli, les titres comme Pieces Of What ou Weekend Wars paraissent inégales et laissent froid un public perdu dans ces pérégrinations divagantes. Le groupe n’aide cependant pas non plus l’audience à s’imprégner de leur univers, demeurant froids et distants. Néanmoins, lorsque l’on dispose de titres aussi forts que Time To Pretend, Kids ou The Youth, les éléments s’imbriquent d’eux-mêmes et permettent de ponctuer un concert efficace, mais sans réel relief. L’expérience viendra faire le reste.
Juste le temps de presser le pas que l’on entend résonner comme une réminiscence pourtant pas si lointaine le tapageur Atlantis To Interzone des Klaxons. Malgré l’ajout de quelques nouveaux titres, la grande majorité des titres joués seront encore issus de leur premier album ; ce qui n’est peut-être pas un mal. Carré, percutant et énergique, les Anglais ont chauffé le public de Rock en Seine à blanc. Toujours aussi décomplexés, les tubes issus de Myths Of The Near Future ne se tarissent finalement pas avec le temps. Très dansant malgré la radicalité de certaines envolées, la fosse aura bougé tout du long sur Golden Skans , It’s Not Over Yet ou la splendide Gravity’s Rainbow. Peu de déchets, beaucoup de réjouissance. Klaxons est toujours attendu pour un deuxième album.
Quand on y pense, quoi de mieux que Prodigy pour clôturer un festival ? Si le dernier album peut avoir ses détracteurs, on sait néanmoins à quoi s’attendre de la part des Anglais. Du choc, de la sueur, de la transe. Bien avant le début du concert, on pouvait déjà observer au loin une masse compacte d’une foule mouvante, et que l’on imaginait tout ce beau monde bondir d’un coup au premier coup de basse retenti. Prédiction finalement assez loin de la réalité puisque la fosse se sera étendu sur plusieurs centaines de mètres, qui n’aura de répit qu’aux dernière notes d’Out Of Space. Avant ça, il y aura eu les titres d’Invaders Must Die, dont l’homonyme et Omen, qui dans des conditions telles que celles-ci se révèlent d’une efficacité redoutable. Dantesques, Keith Flint et Maxim Reality ne se sont pas ménagés, à l’image de cette marée humaine, dansante et virulente, qui sera achevé par l’amoncellement de tubes que joueront le groupe : Breathe, Firestarter, Voodoo People, et bien évidemment l’hymne apocalyptique Smack My Bitch Up.