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Rock en Seine

Paris, du 28 au 30 août 2009

Live-report rédigé par Kris le 31 août 2009

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Troisième et dernier jour à Rock en Seine, et chacun semble s’être plutôt bien remis de la gueule de bois infligée par l’annulation de la tête d’affiche. Il y avait cependant intérêt à ce que l’on soit bien remis si l’on souhaitait passer cette journée qui s’annonçait épique. Car il valait mieux avoir les boules quiès bien accrochées pour notamment les secrets (de polichinelle) Petits Pois et les vétérans de Prodigy. Après deux jours de festival dans les jambes, l’épilogue s’annonçait des plus rutilants.

A peine arrivé que la scène Cascade se voyait déjà bien remplie par un public présent assez tôt dans le Domaine de Saint-Cloud. Emily Haines et ses Metric venaient ouvrir la journée. « A dream come true » assurait la Canadienne. Même si l’on a une certaine sympathie pour le festival francilien, on ne peut vraiment dire qu’en faire l’ouverture soit un accomplissement à atteindre. Cependant, cette petite phrase anodine résonne à mesure que le set de Metric se déroule. Les nouvelles chansons depuis Live It Out semblent être teintées d’un univers rêvasseur, entre délire candide et puérilité régressive. Sous influence pop-new-wave, aux compositions éthérées et aux guitares vrombissantes, la musique du groupe perd de sa singularité des débuts. Emily Haines mue le tranchant rock de Metric en un pop-rock plus lancinant, et quelque part plus naïf. Si Help I’m Alive et Sick Muse parviennent à donner un répondant efficace, ces nouvelles compositions sont bien loin d’un Dead Disco toujours aussi détonant.

 

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Un set très court d’une petite demi-heure puis s’en va. Le temps de se déplacer pour les jeunes français de Lilly Wood and The Prick, un peu lancés par une blogosphère française charmée par les mignonnes chansons folk-rock déjà disponibles. L’exercice du festival s’annoncera plus ardu que dans les salles parisiennes. Peu à l’aise, Lilly Wood et ses Pricks plongent concentrés dans leur univers carton-pâte, néanmoins sans la fougue ni la folie nécessaire pour supporter cette identité DIY qu’ils semblent vouloir nous imposer. Passée la reprise un peu plate mais pas désagréable de L.E.S. Artistes de Santogold, nous nous dirigeons à l’autre bout du site pour se placer à la Grande Scène.
L’occasion de voir Macy Gray était trop belle. On avait un peu perdu de vue artistiquement l’américaine à l’embouchure des années 2000, mais l’on garde bien évidemment en mémoire son superbe premier album. Sous le coup de la nostalgie – le même qui a motivé la veille de suivre le concert d’Offspring – la soul et la voix si particulière de Macy Gray valaient le détour. Entourée de musiciens, choristes et amuseurs professionnels, Macy Gray déballe de nouveaux titres de son album à venir. Rythmé et rarement poussif, ce concert aura été une belle réussite. Maîtrisée, l’ambiance délivrée tout au long du set, ni trop-faisant, ni trop ballant, se sera installée progressivement. Macy Gray, rayonnante et disponible, s’est également montrée généreuse envers un public visiblement conquis. Une heure de set qui sera finalement conclue par un superbe I Try à rallonge qui n’a décidément pas pris une ride.

 

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Le passage par la case « déjeuner à 17h30 » nous fera faire un passage par la scène Cascade où se produit le « fameux » Sliimy. Hasard bien fait, l’artiste stéphanois aura la totalité du site pour lui seul pendant une bonne demi-heure, aucun autre groupe ne jouant en même temps sur les deux autres scènes, fait rare dans la programmation de Rock en Seine en plein milieu de l’après-midi. En diluant les divers préjugés à l’égard de Sliimy, ses premières chansons nous réconforteront quelque peu avec nos avis initiaux. Non, ce n’est pas horrible. Oui, c'est mauvais. Oui, c’est follement peu original. Oui, Sliimy fait grincer les dents.

 

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Sans transition, nous écoutons les Eagles Of Death Metal au loin, mais ne nous donne finalement pas tant envie que ça, et nous plaçons plutôt pour assister à la sensation du festival. Pour ceux qui avaient suivis l’affaire, la surprise n’était bien sûr plus de mise, avec la présence sous le pseudonyme des Petits Pois, le superband de Them Crooked Vultures, composé de Josh Homme (Queens Of The Stone Age), Dave Grohl (Foo Fighters, Nirvana), John Paul Jones (Led Zeppelin) et le malheureux méconnu quatrième membre Alain Johannes (Eleven). Secret le plus mal gardé de cet été, Them Crooked Vultures avait de quoi allécher les plus impatients. Malgré tout, le doute avait de quoi subsister suite aux récents supergroupes de rock formés ces dernières années qui finalement n’avait pas de quoi enthousiasmer les foules : Audioslave, Zwan, Velvet Revolver, Dead Weather
Les premiers titres auront vite fait de dissiper nos doutes. Avec de tels énergumènes, on pouvait craindre une insoluble démonstration technique ; et pourtant, tout était plus qu’accessible. Peu de chefs-d’œuvres en devenir a priori dans la set-list de Them Crooked Vultures, mais un rythme balancé et un groove rocailleux immédiats. L’association Jones-Grohl y étant pour beaucoup dans ces coups de boutoirs assénés, d’où survolait la voix d’Homme. Comme un Songs For The Deaf moins lancinant mais plus prosaïque, le set des Petits Pois atteint pleinement son but avec leur entrain et leur force de percussion. Mais surtout, le plaisir ostensible d’un groupe et de son public, connaisseur ou non, fût l’un des éléments notables de la réussite de ce concert.

 

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On restera finalement jusqu’au bout de Them Crooked Vultures, quitte à manquer le début de MGMT, auquel on arrivera tout de même pour 4th Dimensional Transition. Très attendus par leur jeune public tout de fluo vêtus, le groupe traînait pourtant une bien peu reluisante réputation en live. Il est vrai que les premiers abords semblent tortueux ; la transposition des ambiances chamaniques et psychédéliques d’Oracular Spectacular ayant parfois tendance à faire saturer un son déjà bien empli, les titres comme Pieces Of What ou Weekend Wars paraissent inégales et laissent froid un public perdu dans ces pérégrinations divagantes. Le groupe n’aide cependant pas non plus l’audience à s’imprégner de leur univers, demeurant froids et distants. Néanmoins, lorsque l’on dispose de titres aussi forts que Time To Pretend, Kids ou The Youth, les éléments s’imbriquent d’eux-mêmes et permettent de ponctuer un concert efficace, mais sans réel relief. L’expérience viendra faire le reste.

 

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Juste le temps de presser le pas que l’on entend résonner comme une réminiscence pourtant pas si lointaine le tapageur Atlantis To Interzone des Klaxons. Malgré l’ajout de quelques nouveaux titres, la grande majorité des titres joués seront encore issus de leur premier album ; ce qui n’est peut-être pas un mal. Carré, percutant et énergique, les Anglais ont chauffé le public de Rock en Seine à blanc. Toujours aussi décomplexés, les tubes issus de Myths Of The Near Future ne se tarissent finalement pas avec le temps. Très dansant malgré la radicalité de certaines envolées, la fosse aura bougé tout du long sur Golden Skans , It’s Not Over Yet ou la splendide Gravity’s Rainbow. Peu de déchets, beaucoup de réjouissance. Klaxons est toujours attendu pour un deuxième album.

 

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Quand on y pense, quoi de mieux que Prodigy pour clôturer un festival ? Si le dernier album peut avoir ses détracteurs, on sait néanmoins à quoi s’attendre de la part des Anglais. Du choc, de la sueur, de la transe. Bien avant le début du concert, on pouvait déjà observer au loin une masse compacte d’une foule mouvante, et que l’on imaginait tout ce beau monde bondir d’un coup au premier coup de basse retenti. Prédiction finalement assez loin de la réalité puisque la fosse se sera étendu sur plusieurs centaines de mètres, qui n’aura de répit qu’aux dernière notes d’Out Of Space. Avant ça, il y aura eu les titres d’Invaders Must Die, dont l’homonyme et Omen, qui dans des conditions telles que celles-ci se révèlent d’une efficacité redoutable. Dantesques, Keith Flint et Maxim Reality ne se sont pas ménagés, à l’image de cette marée humaine, dansante et virulente, qui sera achevé par l’amoncellement de tubes que joueront le groupe : Breathe, Firestarter, Voodoo People, et bien évidemment l’hymne apocalyptique Smack My Bitch Up.

Ce sera dans la poussière et la sueur que se conclura cette septième édition de Rock en Seine. Malgré l’annulation d’Oasis, cette année aura été un bon cru ; que ce soit au niveau de la programmation ou de l’affluence (97 000 spectateurs, record historique). On n’aurait pas pensé dire ça, mais finalement, haut les coeurs : vivement l’année prochaine.
artistes
    The Prodigy
    MGMT
    Eagles Of Death Metal
    Macy Gray
    Baaba Maal
    Klaxons
    Them Crooked Vultures
    Sliimy
    Robin McKelle
    Metric
    Patrick Wolf
    Veto
    Sammy Decoster
    Hindi Zahra
    Lily Wood & The Prick