Toujours pas un seul nuage en vue au dessus d'Arras, lorsque démarre cette deuxième journée du festival Main Square.
Sur la scène Green Room, les
Everything Everything délivrent leur rock synthétique déjà entendu il y a quelques semaines à la Flèche d'Or de Paris. La Citadelle est déjà assez bien remplie pour un début d'après-midi, et le temps de faire le trajet jusqu'à la Grande Scène, les
White Lies débarquent, tout sourire, apparemment ravis d'être en si bonne compagnie, aussi bien dans le public que sur l'affiche. Leurs morceaux épiques défilent comme un Best Of :
Farewell To The Fairground,
To Lose My Life,
Death...
Juste après eux, le premier dilemme majeur de l'édition 2011 se présente :
Fleet Foxes et
Kaiser Chiefs commencent leurs sets respectifs exactement à la même heure. N'écoutant que sa loyauté envers la couronne britannique, la courageuse reporter fait le choix de la Grande Scène et des léodensiens déjantés. Fidèle à sa réputation, Ricky Wilson s'applique à grimper sur tous les matériels de scène disponibles, à lancer en l'air ses micros, à sauter dans la fosse – pour le plus grand malheur des photographes qui se trouvaient là – et ce ne sont encore que les trois premiers morceaux !
Ils sont là pour présenter leur quatrième album
The Future Is Medieval, et contrairement à ce que le single
Little Shocks pourrait laisser supposer, ils n'ont aucune intention de se calmer. Les nouveaux morceaux se fondent avec les anciens tubes avec une facilité confondante (
Starts With Nothing,
Kinda Girl You Are...) mais on ne va pas demander aux Kaiser Chiefs de changer de style maintenant. Ricky est comme d'habitude impressionnant d'endurance, et s'épuise à gigoter le plus possible. Tel un Bip-Bip poursuivi par un Coyote imaginaire, il aura en une heure visité tous les recoins de la Citadelle de fond en comble: la scène, le public, la tente de la régie...
À la fin du set, n'en pouvant plus, il invite sur la scène pour l'épauler un groupe de jeunes garçons qu'il a remarqué dans le public, affublés de combinaisons intégrales de lycra, tels des Fantômas multicolores, pour l'aider à mettre l'ambiance. Cela fonctionne si bien qu'à la fin Ricky émet le vœu qu'ils les suivent sur tout le reste de la tournée. Il n'en sera finalement rien, mais les « Color Men » se feront maintes fois remarquer tout au long du festival et seront l'un des éléments majeurs de l'ambiance bon enfant qui règne ce weekend-là.
Le temps de se remettre de ces émotions, et c'est au tour de
Two Door Cinema Club de monter sur la scène de la Green Room. L'année 2011 a sans aucun doute été fructueuse pour le groupe irlandais, et ce ne sont pas les hordes de festivaliers qui se trémoussent au son de « La chanson de la pub » ou encore « Le générique du Grand Journal » qui le contrediront. On aperçoit un drapeau irlandais dans le public, rapidement remarqué par Alex. À la fin du set, reconnaissant de l'accueil triomphal qui leur a été réservé, le batteur lance ses baguettes au public.
Pendant ce temps, sur la Grande Scène,
Arcade Fire galvanisent les foules au son de leur pop somptueuse, de celles qui racontent de grandes histoires. La Citadelle d'Arras se reconnaît dans ces récits dignes des guerres napoléoniennes et autres épopées lyriques.
Le temps pour le soleil de se coucher, et
Kasabian font leur entrée sur la scène de la Green Room, avec bien entendu toute la gouaille et l'arrogance qu'on leur connaît. Premier constat : ils ne sont pas là pour plaisanter. Les basses de leur hymne
Club Foot se mettent à retentir et sont tellement puissantes qu'il est physiquement insupportable de rester près des enceintes. Outre leurs hymnes imparables tels que
Shoot The Runner ou encore
Empire, ils nous livrent un petit avant-goût de leur prochain album en jouant
Velociraptor et
Switchblade Smiles. À en juger par ces extraits, celui-ci misera sur des sonorités un peu plus électroniques que les précédents, une évolution déjà amorcée avec des morceaux tels que
Vlad The Impaler par exemple. La setlist consiste principalement des meilleurs morceaux du dernier album
West Ryder Pauper Lunatic Asylum, notamment un
Fast Fuse très réussi auquel sont venues se greffer quelques mesures de
Misirlou, le fameux morceau de Dick Dale, générique du film
Pulp Fiction. Kasabian est un groupe
cinématographique.
L'écrin de la Citadelle, comme pour Arcade Fire plus tôt dans la soirée, semble avoir été conçu pour accueillir des hymnes d'une telle envergure. Et c'est au son de
Fire et son refrain démoniaque qu'ils finissent leur set, dans une atmosphère totalement exaltée.
Sur la Grande Scène démarre le set de
Moby, pour une deuxième soirée qui se termine sur une ambiance plus proche d'Ibiza que du Nord-Pas-de-Calais.