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Vieilles Charrues

Carhaix, du 18 au 21 juillet 2013

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 12 août 2013

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Le Verger, appelé aussi le Jardin de curiosité, est un espace attenant aux scènes sur le site des Vieilles Charrues. Il accueille en son sein des artistes de rue et d’arts vivants venant présenter des numéros plus inventifs et farfelus les uns des autres. A l’image du festival, ce lieu de détente et d’amusements arbore un décor thématique qui appelle aux superlatifs. Cette année, on peut évoluer dans un univers aquatique au milieu de chaises longues tentaculaires, de bancs (et) de poissons taille XXL ou de plantes et de créatures marines aux dimensions exagérées.

Parmi les compagnies présentes, Les Cubénistes sont plutôt experts pour mettre les choses dans des cadres. Ils ont leur manière bien à eux de faire du scrapbooking taille réelle avec des mises en scènes bien pensées en utilisant cadres, panneaux et accessoires à la façon de BD ou de romans photos avec une bonne dose d’humour et de poésie. Ces photographes raconteurs ne semblent jamais à court d’idées, ni de panneaux !
Plusieurs fois par jour, on peut aussi observer le spectacle du duo d’acrobates Magmanus. Spécialistes aussi bien de bascule, de jonglage, de main à main, de danse et surtout de dérision, pour séduire le public ils n’hésitent pas à sortir le grand jeu... ou presque !
La Rotative c’est une roue métallique de dix mètres de haut qui tourne comme le temps qui passe. Lorsque celui-ci retient son souffle, clowns et garçons de café gagnent leurs défis sur l’apesanteur et voltigent d’une prouesse à l’autre, portés par la voix éternelle d’Edith Piaf.
Le Petit Monsieur est un personnage muet et très touchant qui se retrouve malgré lui dans un combat peu commun contre du matériel de camping nouvelle technologie quelque peu sournois. Une épreuve qui n’est pas sans rappeler des souvenirs douloureux aux festivaliers, mais donnons lui deux secondes, il trouvera bien une solution.

Tous ces artistes diablement originaux ont le fichtre don de réveiller les palpitants et les âmes d’enfants : chose formidable parce qu’on vient aussi pour ça ! Mais pas le temps de flâner davantage au Verger car les poèmes rock de Benjamin Biolay s’échappent déjà de la scène Kerouac et attirent la curiosité, comme le chant d’une sirène maléfique. Les textes transpirent la passion ou la colère, perlant de la bouche du mauvais garçon à la voix suave qui se met à genoux pour ravir ses admirateurs. En dangereux séducteur il invite la chanteuse Jeanne Cherhal à le rejoindre sur scène pour échanger le dialogue conjugal venimeux de Brandt Rhapsodie puis l’accompagner dans sa nouvelle création vindicative, tel un crachat au visage d’une personne particulièrement indésirable. Si celle-ci se cachait dans le public, cela n’a plus d’importance car ce dernier se détourne progressivement du rocker torturé pour s’avancer vers Glenmore, là où, dans une poignée de minutes, une légende du rock, attendue aux Vieilles Charrues depuis quinze longues années, va faire son entrée.

Presque le temps d’une génération. C’est ce qu’il a fallu pour faire monter le « Loner » canadien sur la grande scène du festival. A la tombée de la nuit, sous un ciel mitigé et aux couleurs invraisemblables, le mythe tant fantasmé se tient enfin devant son public. Décontracté, vêtu de noir des pieds jusqu’au chapeau et accompagné par ses camarades de combo, fière bande de cowboys toujours aussi fringants depuis la fin des années 60. Quand Neil Young and Crazy Horse lâchent les premiers accords sur la prairie il ne fait aucun doute que le temps n’a pas eu prise sur le monstre sacré du folk rock. Il prend un plaisir fou et contagieux à mettre en selle têtes grises et blondes confondues pour un flashback épique. Il y en a pour tout le monde : les quinze premières minutes du show sont consacrées pour les amateurs de rock sauvage et racé, et se poursuivent par un intermède psychédélique grandiose. Les éternels ados qui attendaient de pied ferme le Neil Young de Harvest de 1972 ne seront pas en reste car la guitare sèche et l’harmonica ne font pas défaut quand vient le moment de Heart Of Gold, précédant une magnifique reprise en solo du Blowin' In The Wind de Bob Dylan, pied de nez – sans doute involontaire – à la prestation particulière médiocre de ce dernier sur la même scène l’année passée. Les deux heures de guitares saturées et de riffs en cavalcade passent au galop pour terminer en triomphe avec Hey Hey, My My, laissant la foule dans une liesse débordante, comblée par cette chevauchée fantastique.

Neil Young et ses fidèles camarades de gratte saluent une dernière fois leur public avant de quitter l’immense scène des Vieilles Charrues. Alors que se fredonnent encore en écho des bribes de l’entêtant Rockin’ in The Free World, l’américain Hanni El Kathib a pris place sur Kerouac. Produit par Dan Auerback des Black Keys, le rockeur a quelques références bien rodées sous le capot, et ça déménage ! Entre garage rock et blues, la prestation est électrisante et savoureuse, de quoi dépenser les dernières doses d’énergie de la journée.

La soirée n’est pas forcément terminée car il est bon de goûter à l’électro doux et sophistiqué de Casmhere Cat sur la scène Xavier Grall. Mais le temps est étrange aux Vieilles Charrues. Si ici tout est démesure, lui semble accélérer sa cadence. Il reste tout de même une journée, reste à prévoir d’en profiter pleinement.
artistes
    After The Bees
    Asaf Avidan
    Benjamin Biolay
    Canzoniere Grecanico Salentino
    Cashmere Cat
    Féfé
    Fest Noz
    Gentleman & The Evolution
    Hanni El Khatib
    Interzone Extended
    Jodie Banks
    Jonathan Wilson
    Neil Young & Crazy Horse
    Oxmo Puccino
    Pete Sweet
    Rone
    Startijenn El Taqa
    Superets
    Superpoze
    The Red Goes Black
    The Roots
    Wild Belle
    Yan Wagner